Dans le n° 136-février 2022  - Partie III  12560

Covid, care, virage domiciliaire : quand une transition en cache une autre

Ces deux derniers mois, nous avons vu combien la crise de la Covid avait remis en avant les enjeux d'une société du care. Au-delà des aspects traitant du sens, de la prise en considération de l'autre, du fragile, c'est aussi un enjeu concret de travail et de soutien aux professionnels comme aux aidants.

Mais ce retour du care se pratique dans un cadre où la société, et les gouvernements, privilégie le domicile. De ce fait, il importe de penser les liens, et les passerelles entre les différentes formes d'habitat, les ponts entre ces habitats et les maisons de retraite médicalisées, la continuité entre la vie chez soi et les services à la personne comme les services de soin à domicile.

Reste à redire combien le lieu et les manières d'habiter ont des effets très sensibles sur la santé des personnes. Le logement joue sur la santé des personnes. Y compris sur la santé mentale. Rappelons aussi qu'avec le vieillissement de la population en générale, et plus particulièrement celui des publics populaires, dont l'espérance de vie est plus réduite et plus encore l'espérance de vie sans incapacité physique ou mentale importante, le logement apparait comme devant, d'autant plus, être abordé sous l'angle du soutien en santé. Et d'abord sur celle des plus fragiles. C'est en cela qu'il est particulièrement important que des acteurs agissent auprès et avec les classes populaires, comme les bailleurs sociaux, les communes, les associations, le secteur de l'économie sociale et solidaire ou les entreprises locales.

Manque de professionnels et de services de proximité

Sur ce plan, notons que les services à la personne souffrent aussi d'un manque de valorisation des métiers et des personnes qui les assurent. Ce déficit d'attractivité est là aussi, le noeud gordien de toute politique durable de la longévité. Le « virage domiciliaire » risque le tête à queue tant qu'il y aura un tel manque de professionnels de l'accompagnement à domicile [1].

Mais, il importe aussi de prendre en compte les équipements en santé et les professionnels du soin accessibles à proximité du logement. Ou encore de prendre la mesure de la diversité et de la qualité de l'offre de restauration comme des commerces de bouche. Habiter dans un endroit c'est aussi y vivre, s'y nourrir, pratiquer ou non, des activités physiques et de loisirs... Sur ce plan, les collectivités locales, comme les bailleurs sociaux sont, de fait, des acteurs de la santé, de la qualité de vie des habitants, de la prévention... Il s'agit de proposer des services et des activités, du conseil, un accompagnement à la pratique sécurisée de médecines complémentaires, du soutien à l'activité physique...

L'environnement touche aussi à la santé. Les dégradations environnementales ont des effets très directs sur la santé des personnes. Certaines matières, présentes dans les emballages, les aliments transformés, ou encore l'atmosphère sont autant de perturbateurs endocriniens qui génèrent des dysfonctionnements et le développement de maladies chroniques. En ce sens, les enjeux climatiques peuvent aussi se comprendre comme des problématiques du care. Plus largement, le soin mutuel passe bien par l'attention à la planète qui est aussi une manière d'être attentif à la santé de tous. Une autre traduction de la prise en compte du commun.

@Guerin_Serge

Professeur à l'INSEEC GE. vient de publier « Au service de la vie. Les métiers du service à la personne », Fauves éditions, 2021, et, avec V Suissa et le Dr Denormandie, « L'homéopathie en 20 questions », Michalon, 2021. Président de l'A-MCA.

01/07/2024  - Tanguy Chatel, sociologue, cofondateur et animateur du Cercle Vulnérabilités et Société

« Nous avons un devoir de vigilance face à des effets d'annonce »

La soudaine dissolution de l'Assemblée nationale vient rebattre les cartes législatives. Exit donc le vote imminent du projet de loi sur l'accompagnement des malades et de la fin de vie. Tanguy Chatel, sociologue, confie toutefois à Géroscopie son analyse sur l'impact d'une telle loi. Entretien[1].
01/07/2024  - Billet

La victoire appartient au plus opiniâtre

...
27/06/2024  - Congrès

Sport et vieillissement à Poitiers pour le Congrès de la Fnadepa

C'est au Palais des congrès de Poitiers que la Fnadepa a réuni ses adhérents pour son 39e congrès sur le thème « Sport et vieillissement : une équipe qui gagne ! »
11/06/2024  - Dissolution de l'Assemblée nationale

Fadila Khattabi se représente aux législatives

La ministre déléguée aux personnes âgées et handicapées, élue députée de la majorité en 2022 dans la circonscription de Dijon-Chenôve, annonce sa volonté de se représenter.
01/06/2024  - Toucher

Découvrir le corps

Toucher des corps qui ne sont ni les nôtres ni ceux des proches aimés. Les couvrir et les découvrir, au gré des soins et des besoins de chacun. Les toucher avec pudeur et respect, dans l'intimité d'une chambre. C'est notre quotidien de soignants, qui prenons soin de ceux qui ont besoin d'assistance pour les actes simples de la vie.
01/06/2024  - Partie I

Virage domiciliaire: Les risques du tête à queue...

Le « virage domiciliaire » est une formule qui sent bon la novlangue administrative et le poncif bureaucratique. Voici des années que ce virage est annoncé, que de nombreuses caravanes publicitaires stationnent sur les aires d'autoroute de la seniorisation... Pour autant, le bilan est maigre.
01/06/2024  - Coups de coeur/Coups de gueule

Du côté des fédés

Ils vivent et commentent l'actualité. Chaque mois, retrouvez les coups de chapeau ou cris d'alarme de ceux qui animent le secteur.
16/05/2024  - Billet

Éloge du temps

Le débat sur la fin de vie est en cours. Tel un marqueur politique nécessaire, il a été décidé d'en accélérer la réflexion. Il est vrai que le sujet est plus que sensible car on le constate déjà, la sémantique le dispute au fond. On évoque un « modèle français », qui de mon point de vue sera difficile non seulement à construire mais aussi à mettre en oeuvre. Il a été dit qu'il fallait donner du temps au temps. Et cette formule est reprise bien souvent et complaisamment. Sans vouloir procrastiner, car il est légitime qu'une société évolue, j'ai pour autant l'humilité de penser que notre pays est assez enclin à légiférer et « sur-légiférer » sans s'assurer de la réelle application des lois déjà votées. Un consensus se dégage ainsi pour affirmer qu'en matière de fin de vie, la douleur est le facteur essentiel. Et que le nombre de places en soins palliatifs est non seulement insuffisant mais géographiquement injuste. Le sujet presque tabou est difficilement évoqué. Triste constat. La loi Claeys-Leonetti est incomprise, souvent non mise en oeuvre. Elle correspond pourtant à un encadrement important et nécessaire de ces moments si difficiles. ...
01/05/2024  - Coups de coeur/coups de gueule

Du côté des fédés

Ils vivent et commentent l'actualité. Chaque mois, retrouvez les coups de chapeau ou cris d'alarme de ceux qui animent le secteur.