Le journal Les Échos avait organisé mardi 6 mars un colloque sur le thème de la dépendance, son financement et la réorganisation du secteur, salons Hoche à Paris, en présence de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, qui a lancé le débat, mais sans révéler les intentions du gouvernement.
Colloque Les Échos sur la dépendance
Mme Roselyne Bachelot-Narquin a souligné en introduction les insuffisances de la coordination entre le sanitaire et le médico-social, appelant de ses voeux à la création d'une agence nationale réunissant les deux. Près de deux milliards d'euros pourraient être économisés si une meilleure organisation post hospitalisation existait. Par ailleurs, elle s'est déclarée favorable à la création d'objectifs régionaux de dépenses d'assurance maladie (ORDAM).
Si tout le monde est d'accord avec les tendances et les chiffres concernant le vieillissement de la population, la prise en charge de la dépendance reste sans réponse cohérente et les réformes sont lentes à transformer le secteur de la santé. Les conférenciers sont d'accord sur le constat : il faut collecter plus et plus tôt. Les politiques, comme Mme Danièle Hoffman-Rispal (PS) ou comme Mme Valérie Rosso Debord (UMP) sont d'accord sur l'urgence de trouver une solution mais divergent sur la nature de cette solution, sur les moyens et le timing. Pour l'une, il faut simplifier, économiser et rationaliser. Mme Rosso Debord suggère de rendre la gouvernance plus efficace et de centraliser la direction de la santé et du médico-social. Pour Mme Hoffman-Rispal il faut tout remettre à plat et assurer aux communes les moyens de prendre en charge les services dont l'Etat s'est déchargé. Les assureurs, eux, constatent que les contrats d'assurance dépendance se vendent mal. Certains suggèrent d'introduire cette assurance dans le contrat standard...
S'il faut essayer de maintenir les personnes âgées à domicile, encore faut-il leur offrir services et offre de soins, et mettre en place une véritable coordination entre établissements de santé, associations, professionnels, communes, régions et la multiplicité des organismes intervenant dans la prise en charge. Les assureurs ont aussi insisté sur le rôle de la prévention qui permet d'éviter une dégradation rapide de l'autonomie.
La Fehap a réalisé une cartographie des services à domicile (sur 5 catégories de services sauf le service à domicile non médicalisé) qui permet de cerner les "zones blanches" et les manques en région, un travail qui devrait être fait par les services de l'État et qui reste à compléter. Reste peut être à réorienter les services à domicile vers des services plus techniques et à organiser le retour au domicile des personnes hospitalisées, source de gaspillage financier considérable. M. Verollet, de l'UNA, a souligné la mauvaise organisation du retour à domicile et qu'il faut professionnaliser les personnes s'occupant de ces services à domicile. Par ailleurs s'il constate la médicalisation du service c'est aussi et peut être surtout à cause des problèmes de remboursement de ces services. La voie est d'harmoniser les services avec un cahier des charges commun et un pilotage national pour éviter les grosses différences de tarification entre départements. Mais qui doit organiser la coordination ? La réponse reste confuse. Des maisons de l'autonomie ?
Pour finir la journée, le thème de l'emploi dans les EHPAD a été évoqué. Pascal Champvert a estimé que l'image des établissements est mauvaise et qu'il faut la changer en transformant les EHPAD en "domiciles". Pour Claudy Jarry de la FNADEPA, le problème est la charge de travail trop importante des personnels à cause d'un financement trop juste. Il faut revaloriser le travail en EHPAD mais comment ? Mieux former, mieux rémunérer ? Jean-Claude Marian, président d'Orpéa souligne qu'il n'a pas trop de problème à recruter mais qu'il consacre beaucoup d'argent à la formation. Il souligne également qu'il lui a fallu beaucoup de temps avant d'obtenir l'agrément de son école de formation des aides-soignantes alors que le manque de ces personnels est criant. Enfin Marc Bourquin de l'ARS Ile-de-France a souligné le turn-over massif des personnels en Ile-de-France (entre 20 et 25%). Sa solution : créer une trésorerie spécifique (12 millions d'euros) pour abonder les plans de formation et le remplacement du personnel (500 postes sur 600 EHPAD), et favoriser les dispositifs de pré-embauche.