Dans le n° 151-juillet 2023  - HORS LES MURS Chronique  14882

Bien vieillir et éloge des animaux

Face à l'isolement des plus âgés ou devant la nécessité de rendre la vie en maison de retraite médicalisée ou dans les résidences collectives plus agréable, les « modernes » évoquent souvent les robots sociaux. Ces petites merveilles technologiques peuvent favoriser un réel bien-être chez certains aînés et contribuer à animer le quotidien.

Les expériences se multiplient et les recherches aussi. Parfois l'idée est aussi de pouvoir compenser le manque de personnels ou encore de libérer les professionnels de certaines tâches peu valorisantes pour qu'ils puissent s'adonner à des activités plus contributives au bien-être des personnes. Mais l'analyse montre aussi qu'il y a une certaine distance entre les apports théoriques de ces machines et la réalité dans la vie quotidienne des établissements. Souvent, ces objets ont eu une durée de vie assez réduite... Notons aussi que ces petites machines ont un bilan carbone non négligeable.

Le vivant, en lien

Cela peut faire « anti moderne » ou ringard d'évoquer les animaux de compagnie, et d'abord les chats et les chiens... Pourtant, ce sont des êtres vivants à ne surtout pas oublier lorsque l'on s'intéresse à la qualité de vie des seniors. Ils sont moins « dans le coup » que les robots et peuvent nécessiter beaucoup d'attention et quelques désagréments au quotidien, mais leur coût de revient reste exceptionnel. Il ne s'agit pas d'opposer les solutions technologiques aux approches centrées sur les animaux mais de penser à partir du vivant. Dans un récent ouvrage, le philosophe Achille Mbembe analyse combien la démocratie, c'est le lien. Un lien qui est l'affaire de tous les vivants[1].

Le sourire pour preuve de bien-être

Les animaux de compagnie sont des compagnons de vie formidables aussi bien pour les seniors qui vivent à domicile que pour ceux accueillis en établissement. D'abord, ils font tout simplement du bien par leur présence et leur compagnie, y compris auprès des plus fragiles et de ceux touchés par des bouleversements neurologiques. Il faut voir les sourires et les mines apaisées des résidents en maison de retraite quand le chien fait son apparition. On évoque la zoothérapie pour dire combien l'animal domestique peut être un soin. Il importe que les personnes soient formées et que les animaux concernés soient préparés.

De plus en plus de lieux d'accueil s'ouvrent aux animaux domestiques. C'est une bonne chose et il faudrait certainement encourager cela. Pourquoi priver un nouveau résident, un peu perdu quand il arrive dans son nouveau logement, de son animal domestique ? Mais cela va bien au-delà.

L'animal, pour dialoguer

Ainsi se promener avec un animal favorise les rencontres et les échanges avec les passants, les enfants, d'autres personnes âgées... On le sait et on le voit au quotidien, rien de tel qu'un animal pour créer la discussion, prendre le temps de se parler, casser les barrières.

Et puis cheminer avec un animal, c'est aussi pratiquer une activité physique, sans s'en rendre compte... Marcher tranquillement est l'occasion de faire travailler presque tous les muscles, son équilibre et son souffle.

On sait combien, pour les retraités populaires, une visite chez le vétérinaire peut être onéreuse, sans doute serait-il opportun de réfléchir à la gratuité ou à la réduction de la charge pour une partie de ces seniors. Au regard des apports pour le bien vieillir et des effets sur le moral et la qualité de vie, la collectivité ne serait pas perdante...

Les animaux de compagnie, c'est du plaisir !


01/04/2024  - Partie III

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Dans les deux précédentes contributions autour de la valorisation des métiers de l'accompagnement des aînés les plus fragiles, nous évoquions les questions de management et d'évolution sociologique des manières d'aborder la vie professionnelle. Mais l'enjeu est aussi de repenser le fonctionnement administratif.
01/04/2024  - Chronique

Un café dans mon Ehpad!

Madeleine de Proust d'une France de carte postale, le café de village constitue souvent le seul lieu de rencontre et d'échange alors même que selon l'INSEE, 62 % des communes ne disposent plus d'aucun commerce.
01/04/2024  - Billet

Salut Richard

C'était d'abord une voix forte. Qui ouvrait des voies. Celles qu'il a défendues tout au long de sa carrière. Brillant et apprécié pour ses redoutables compétences lors des débats car travaillées constamment, méthodiquement, désintéressées et reconnues.  ...
01/03/2024  - Billet

Réjouissant de bon sens

Si j'étais taquin, j'aurais pu dire « décoiffant de bon sens ». Et Serge Guérin aurait su apprécier.  ...
01/03/2024  - Partie II

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Le vieillissement de la population implique de valoriser, d'accompagner et mieux rétribuer les professionnels de l'accompagnement des personnes fragiles. Une grande partie des métiers que l'on disait de vocation et qui relèvent aujourd'hui plutôt de l'engagement, pour éviter la notion religieuse et de sacrifice, ne trouvent plus preneurs.
01/02/2024  - Billet

L'espoir est dans la proximité

Bon, c'est désormais compris. Mais il en aura fallu du temps. Une grande majorité d'âgés veulent rester chez eux. Bien évidemment, la prise en compte de cette volonté n'était pas simple à structurer. Surtout lorsqu'on a fait le choix depuis des dizaines d'années d'un autre modèle reposant quasi exclusivement sur « l'établissement », par dogme ou conviction sincère, en particulier depuis 2003 et la grande canicule qui a traumatisé familles et politiques. ...
01/02/2024  - Partie I

Pas de société de la longévité sans valoriser les métiers du care

Répondre aux enjeux du vieillissement passera par la mise en oeuvre d'une société du care où l'accompagnement bienveillant et mutuel peut contribuer à sortir de la fragilité et aider chacun à devenir auteur de sa vie.
01/12/2023  - Billet

Vulnérables et capables

Fêter une ou un centenaire dans un établissement n'est plus une exception. Tant mieux. Pour autant, doit-on ne voir de cet âge, si souvent associé à une certaine déchéance, que cette facette festive et considérée comme une performance, accompagnée le plus souvent par les autorités et les médias locaux ? Il est d'autres réflexions qu'il faut considérer. Anne-Solen Kerdraon (théologienne à l'Institut catholique de Paris), dont le nom ne vous vient pas spontanément à l'esprit, évoque lors d'un échange (avec Clotilde Hamon, journaliste pour Famille chrétienne) cette séquence de la vie dont le philosophe Paul Ricoeur soulignait déjà ces deux particularités humaines : vulnérable et capable. ...
01/12/2023  - Partie II

Les «Fractures françaises» sont-elles une affaire d'âge?

À partir de l'étude « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour le Cevipof-Sc Po, nous avions le mois dernier constaté que les retraités sont plutôt plus confiants dans les institutions de la société que le reste de la population. Il apparaissait aussi que le critère social était bien plus prégnant que le fait générationnel pour expliquer les différences de ressentis.