Dans le n° 15-décembre 2011  559

" Trouver sa voie "

A l'évidence Evan O'Neil Kane trouva la sienne au sein de l'association des chirurgiens ferroviaires, profession qui émergea au milieu du XIXe siècle pour prendre en charge les accidentés des chantiers du rail et fut un précurseur de la prise en charge des urgences traumatologiques aux USA.

Evan Kane est surtout célèbre pour avoir pratiqué sur lui-même, sous anesthésie locale, différentes interventions chirurgicales allant de l'ablation d'un doigt infecté à la cure de hernie en passant par la résection de son propre appendice, le tout avec des suites simples. Durant son activité ferroviaire, il mit son audace et son ingénuité au service de l'avancée technologique. Constatant que les perfusions classiques posées en urgence s'infectaient souvent il élabora un système d'hypodermoclyse avec des perfusions sous cutanées simultanées autorisant un débit suffisant pour un remplissage d'urgence.

Si la médecine d'urgence a trouvé depuis des abords plus efficients, l'hypodermoclyse s'est, elle, développée par période. Elle fut largement utilisée au début du 20ème siècle chez l'enfant puis abandonnée en raison de fréquentes complications infectieuses et hémorragiques. L'hypodermoclyse a fait un retour en force plus récent dans la prise en charge de la personne âgée d'abord à des fins d'hydratation, voire de rééquilibre nutritionnel via des acides aminés, puis de traitement. Même si la pharmacologie clinique a permis de valider la performance de ce mode d'administration pour certains médicaments, il reste encore beaucoup à faire et les autorisations de mise sur le marché spécifiques ne sont pas encore légion. Avec l'extension de son usage, on a vu croitre le nombre d'accidents avec exposition au sang liés à l'aiguille épicrânienne trainant dans le lit, après arrachage par le patient par exemple. Cela a orienté vers l'usage de cathéter court éliminant ce risque et de gestion plus aisée. Si la complication infectieuse est désormais rare, elle existe toujours et sa survenue est l'occasion de rappeler les grands principes de gestion du risque infectieux associé à ce dispositif. C'est ce qu'à fait le CCLIN Sud-est au décours de l'investigation de trois abcès sous-cutanés en long séjour gériatrique.

Il s'agissait d'abcès dus à des bactéries probablement issues de la propre flore cutanée des patients et la nécessaire mise à plat chirurgicale de deux d'entre eux a identifié Staphylococcus aureus et Morganella morganii. L'analyse des causes conduit à souligner l'absence de traçabilité des apports hydriques naturels induisant probablement un recours excessif à ces perfusions associé à une absence de remise en cause quotidienne de leur maintien. L'absence de traçabilité associée à un manque de rotation des sites d'insertion conduisait à des ponctions itératives de sites oedématiés, voire inflammatoires, ayant contribué à faire le lit de l'infection. L'ensemble des bonnes pratiques fut aussi revu à cette occasion.

Et-vous, êtes-vous au clair avec les pratiques d'hypodermoclyse ?

Docteur Pierre Parneix,

Médecin de santé publique et responsable du CCLIN Sud-ouest

En savoir plus :

http://cclin-sudest.chu-lyon.fr/Signalement/REX/Retourexperience.html

http://www.cclin-sudouest.com/fiches_ehpad/Prot_perf_sous_cut_version1.pdf

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