Dans le n° 16-janvier 2012  587

" Pour une sécurité conviviale "

La fin de l'année 2011 a vu la publication par les ministères de la Santé et des Solidarités du premier programme national de prévention des infections dans le secteur médico-social. Il s'agit d'une avancée majeure mais c'est l'occasion aussi de se confronter à nouveau avec les spécificités du monde des EHPAD.

La circulaire ministérielle rappelle ainsi d'emblée parfaitement ce contexte : " Ces établissements sont des lieux de vie, les résidents y séjournant souvent pendant de longues années, parfois jusqu'à la fin de leur vie comme en EHPAD. Il y a donc un équilibre à trouver entre les impératifs de sécurité et la nécessaire convivialité attachée au lieu de vie que constituent ces établissements ". Même si associer convivialité et sécurité est un affichage sémantique usuel, la pratique en est parfois plus délicate. Par exemple en terme de sécurité incendie on doit faire coexister des normes exigeantes pour les bâtiments avec le droit pour un résident de fumer dans sa chambre avec hélas dans l'histoire récente quelques incendies dramatiques à la clé.

Corrélation positive entre longévité et niveau d'engagement social

Toutefois il ne faut surtout pas négliger la dimension qualité de vie. Dans les nombreuses études qui s'intéressent aux facteurs pronostics de survie en EHPAD on trouve souvent une corrélation positive entre longévité et niveau d'engagement social. L'engagement social traduit pour le résident la facilité d'interagir avec les autres, de s'insérer dans des activités collectives planifiées et plus globalement de s'engager dans la vie d'une institution. Bien entendu la stabilité de l'état de santé et le niveau d'autonomie sont les facteurs les plus importants mais cette capacité à s'investir et s'épanouir dans une vie collective joue un rôle propre significatif.

Les experts en hygiène ont admis désormais la nécessité de moduler les règles de prévention en collectivité de personnes âgées. Il faut bien différencier l'hygiène du soin à la charge des professionnels, qui elle doit s'accompagner du niveau de prévention requis par la situation infectieuse, et l'hygiène de vie du résident qui elle doit se limiter à une éducation à la santé adaptée. Il est difficile de tout anticiper et les EHPAD devront toujours faire preuve d'une capacité d'analyse et d'adaptation. On commence à voir apparaître les premiers cas de portage de bactérie hautement résistante, type entérobactérie porteur de carbapénémase. Toutefois, il faut savoir raison garder. Bien entendu l'usage des antibiotiques devra être particulièrement raisonné, voire bénéficier d'une expertise spécialisée, les transferts en milieu d'hospitalisation devront mentionner la colonisation mais la vie quotidienne devra rester normale pour le résident. Dans une étude Norvégienne récente plus de la moitié des 400 professionnels d'EHPAD interrogés manifestait la crainte de se contaminer au contact d'un résident porteur de SARM tout en reconnaissant la nécessité de maintenir la qualité de vie des résidents...

Et vous quelle dimension conviviale donnez-vous au concept de sécurité ?

En savoir plus :

http://nosobase.chu-lyon.fr/Reglementation/2011/Circulaire/30092011.pdf

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