Dans le n° 34-juin 2013  1404

" Auguste et Alois "

Auguste Deter est allemande et porte un prénom majestueux d'usage chez les femmes au début du XXe siècle.

Elle est née à Kassel où trône sur les hauteurs le monument d'Hercule et son cortège aquatique dont la fameuse fontaine cascade de 50 mètres inaugurée en 1714. Toutefois ce 25 novembre 1901 l'esprit d'Auguste est bien loin de ces jeux d'eau puisqu'elle répond à l'interrogatoire minutieux d'un médecin. Lorsqu'il lui demande son nom elle répond : " Auguste " et lorsqu'il précise votre nom de famille elle répond encore: "Auguste". Il lui demande alors le nom de famille de son mari et après avoir hésité elle répond : " J'imagine... Auguste ".

Le lecteur pourrait trouver ce dialogue assez peu exaltant à l'échelle de l'histoire de la médecine, si ce n'était un petit détail d'importance : le nom du médecin en question. Né le 14 juin 1864, il a obtenu son diplôme de médecin et de psychiatre en 1888 et a donc 37 ans ce jour là. Il se nomme Alois Alzheimer et quand il poursuit avec sa patiente en lui demandant où elle se trouve elle rétorque : "Là et ailleurs, ici et maintenant, vous ne devez pas me juger défavorablement" puis elle fond en larmes. Auguste Deter meurt le 8 avril 1906 dans l'asile de Francfort où se passe la scène initiale. Le docteur Alzheimer fera envoyer son cerveau à Munich où il sera analysé pendant 6 mois. On découvrira dans son cortex cérébral de nombreuses plaques et enchevêtrements de neurofibrilles.

Décrit par ses collègues comme un homme travailleur, courageux, clairvoyant et humain, Alois Alzheimer avait décrit 5 cas de démence similaire à la fin de 1909 chez des sujets âgés de 45 à 67 ans. Son chef de service décida alors de séparer cette entité nosologique de la démence sénile déjà connue, sur des aspects d'âge, de forme clinique et d'histopathologie, et de lui donner le nom de maladie d'Alzheimer. On sait désormais qu'en plus des lésions cérébrales décrites sur les premiers cas, on identifie une inflammation et une oxydation accrue. Aussi dans une pathologie aux déterminants multiples et encore mal connus, l'hypothèse d'une origine infectieuse intéresse de longue date les chercheurs.

Aucun agent infectieux n'est réputé causer seule la maladie d'Alzheimer mais le rôle de cofacteur par exemple en association avec un pré déterminisme génétique ou d'accélérateur de l'évolution de la pathologie est étudié avec attention. Parmi les agents infectieux qui retiennent l'attention il y a les Herpes simplex virus, le Chlamydia pneumoniae et désormais Helicobacter pylori. Une étude française récente a porté sur 53 patients dont 20 d'entre eux ont été considérés comme infectés par H. pylori. Les auteurs ont trouvé que chez les sujets infectés, le niveau d'altération cognitive était plus élevé de même que les marqueurs de neuro-dégénérescence mesurés dans le liquide céphalo-rachidien. Si l'hypothèse physiopathologique est cohérente il reste encore à en démontrer la réalité objective.

Et vous, que pensez-vous de l'hypothèse infectieuse ?


02/05/2024  - Recommandation

Vidéosurveillance dans les chambres d'Ehpad : le oui très restrictif de la Cnil

Adoptée à la suite d'une consultation publique, la recommandation de la Cnil rappelle que les Ehpad ne sont pas censés installer des dispositifs de vidéosurveillance dans les chambres des résidents, sauf circonstances exceptionnelles liées à une suspicion de maltraitance.
01/05/2024  - Coups de coeur/coups de gueule

Du côté des fédés

Ils vivent et commentent l'actualité. Chaque mois, retrouvez les coups de chapeau ou cris d'alarme de ceux qui animent le secteur.
01/05/2024  - Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées

«Depuis ma nomination [...], je n'ai pas l'impression de gagner du temps, mais plutôt d'accélérer»

Récemment nommée ministre déléguée des personnes âgées et des personnes handicapées auprès de Catherine Vautrin, Fadila Khattabi répond pour Géroscopie aux questions qui agitent le secteur. Interview exclusive.
01/05/2024  - Billet

Marqueurs de bienveillance

Les débats sur la loi « Bien vieillir » agitent les acteurs du secteur médico-social. Le grand public est plus préoccupé par d'autres sujets sociétaux, anxiogènes et médiatiquement plus à la « une ». Encore une fois, le grand âge est victime du syndrome de l'indifférence et d'un manque de volonté politique face au mur qui se rapproche de plus en plus. C'est un combat permanent, lassant, décourageant souvent, mais essentiel cependant selon le terme si employé lors de la récente pandémie. ...
01/05/2024  - Partie IV

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Pour poursuivre notre série sur la valorisation des métiers du care, évoquons les initiatives visant à améliorer très concrètement le quotidien des femmes et des hommes (surtout des femmes) qui travaillent auprès des plus fragiles.
01/05/2024  - Chronique

Et si on arrêtait de cacher les vieux?

La France des vieux, c'est la France du passé, la France d'hier. Place aux jeunes, à la modernité et à l'innovation digitale ! Bien entendu, je ne suis pas sérieux... Je vous imagine déjà sursauter...
22/04/2024  - Colloque

Une journée scientifique pour explorer «la fragilité dans tous ses états»

Médecins et professionnels de santé se sont réunis jeudi 18 avril, pour la deuxième journée scientifique organisée par Clariane et l'Université Paris Cité Necker. L'occasion de découvrir les dernières innovations en matière de gériatrie ou de soins palliatifs.
01/04/2024  - Partie III

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Dans les deux précédentes contributions autour de la valorisation des métiers de l'accompagnement des aînés les plus fragiles, nous évoquions les questions de management et d'évolution sociologique des manières d'aborder la vie professionnelle. Mais l'enjeu est aussi de repenser le fonctionnement administratif.
01/04/2024  - Laurent Barbe, psychosociologue et consultant

«On a dévitalisé le processus de réflexion»

Cofondateur du cabinet CRESS, spécialisé dans les politiques publiques d'action sociale, Laurent Barbe est l'auteur d'un ouvrage[1] coup de poing sur la démarche qualité telle que proposée par la Haute Autorité de santé (HAS). Interview