Dans le n° 112-janvier 2020  10823

Société de la longévité, retraite, paradoxe du temps court et malheur de l'attente

Avec ce gain historique de temps de vie supplémentaire par rapports à nos aînés, la société de la longévité devrait offrir à chacun plus de temps pour s'épanouir, pour se former, pour être heureux... En un peu plus d'un siècle, nous avons collectivement gagné plus de 36 ans de vie supplémentaire.

D'une certaine manière l'augmentation formidable du temps de vie à la retraite (cette «?après-midi de la vie?» inventée et généralisée à partir des ordonnances de 1945, issue du programme du Conseil National de la Résistance dénommé «?Les jours heureux?») symbolise cette révolution silencieuse et majeure. Rappelons simplement qu'au moment de l'instauration de la retraite à 65 ans, l'espérance de vie était de 67,5 ans... Aujourd'hui, l'âge légal de la retraite est fixé à 62 ans, pour une espérance de vie au-dessus de 82 ans. En arrivant à la retraite, chaque personne a devant elle plus d'un quart de siècle pour inventer une nouvelle étape de vie. Les forts remous autour de la réforme des retraites s'expliquent par l'importance pour l'ensemble de la population de ce temps de vie.

À la recherche du temps perdu...

Mais d'une certaine manière la retraite fait exception, dans une société de la longévité où chacun a plutôt l'impression de manquer de temps, de souffrir de stress, de courir sans cesse... Le temps perdu dans les embouteillages, les accidents et pannes dans les transports en commun, les heures passées au téléphone, sur ordinateur ou devant des machines robotisées pour accéder à un service, à une information, en tapant sur son clavier et en tentant, parfois désespérément, de suivre les ordres (disons les indications...) d'une voix métallique... C'est aussi cela la société de la longévité?: un sentiment désagréable de perdre du temps, d'être un simple presse-bouton, de faire ce qu'avant un professionnel faisait pour vous et plus vite... L'innovation technologique donne souvent l'impression négative d'une déshumanisation des relations et d'être comme utilisateur pourvoyeur de service. Sans d'ailleurs que le prix pour ce service de moindre qualité n'ait nécessairement baissé (le transport par rail a fortement augmenté, tandis que l'aérien s'est littéralement écroulé). Nous sommes depuis longtemps entrés dans une société de services nous dit-on... C'est une réalité économique, sociale, comptable. Mais pas toujours culturelle et quotidienne.

Idéologie court-termiste

Les entreprises cotées sont pilotées par des logiques financières où il faut rendre des comptes à chaque trimestre. Les chaînes d'informations en continue sont des ogres jamais repus d'images instantanées et les réseaux sociaux fonctionnent à l'émotion de l'instant. Cette idéologie du court terme explique pour partie le mépris pour l'expérience, l'ode continue à la jeunesse, la valorisation de la nouveauté... Étonnez-vous, ensuite, que l'âge soit la première des stigmatisations dans l'entreprise. Étonnez-vous que dès 45 ans, le salarié soit considéré comme un senior, un pré retraité en puissance... Jamais l'espérance de vie n'a été aussi longue, et jamais l'espérance de vie au travail n'a été si courte.

Serge Guérin

Professeur à l'INSEEC SBE directeur de MSc « Directeur des établissements de santé ». Auteur de Les Quincados, Calmann-Lévy, 2019 et co-auteur de Médecines Complémentaires et Alternatives. Pour et Contre ?, Michalon, 2019

16/04/2024  - Associations

Une loi vise à soutenir l'engagement bénévole et simplifier la vie associative

Le texte améliore pour les bénévoles le droit à formation et le recours au contrat d'engagement, élargit le mécénat de compétences à toutes les entreprises et il simplifie les conditions de prêt entre associations et permet des conventions de trésorerie entre associations membres d'un même groupe.
09/04/2024  - CNSA

Conférences des financeurs:2,8 millions de bénéficiaires d'actions de prévention

L'investissement commun des acteurs de la branche Autonomie et de l'inter régimes des caisses de retraite a entraîné en 2022 la progression de l'effort global de prévention de la perte d'autonomie liée à l'âge et de soutien aux aidants.
09/04/2024  - Journal officiel

La loi Bien vieillir et autonomie est publiée

La proposition de loi Bien Vieillir avait été déposée le 15 décembre 2022, elle est publiée ce 9 avril 2024 après un parcours chaotique de près de 16 mois.
05/04/2024  - Planification écologique

Les leviers pour réduire l'empreinte carbone du secteur de l'autonomie

Alimentation, déplacements et énergie, un rapport propose aux acteurs de la branche Autonomie une nouvelle photographie de l'empreinte carbone du secteur et un ensemble de leviers et d'actions de décarbonation.
04/04/2024  - Rapport

Virage domiciliaire: pour l'Igas, on n'y arrivera pas dans les 20 ans

Un rapport de l'Igas fait 24 recommandations pour redresser la barre car les conditions ne sont pas réunies pour réussir une politique domiciliaire pour l'arrivée au grand âge des générations nées après-guerre
01/04/2024  - Partie III

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Dans les deux précédentes contributions autour de la valorisation des métiers de l'accompagnement des aînés les plus fragiles, nous évoquions les questions de management et d'évolution sociologique des manières d'aborder la vie professionnelle. Mais l'enjeu est aussi de repenser le fonctionnement administratif.
01/04/2024  - Recherche

«Les métiers du vieillissement, essentiels et pourtant insoutenables»

Dans le cadre du projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? », lancé en mai par le Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po[1], quatre chercheurs[2] se sont penchés sur les conditions de travail des métiers du vieillissement. Avec l'aimable autorisation des Presses de Science Po, Géroscopie en publie ici des extraits[3].
01/04/2024  - Chronique

Un café dans mon Ehpad!

Madeleine de Proust d'une France de carte postale, le café de village constitue souvent le seul lieu de rencontre et d'échange alors même que selon l'INSEE, 62 % des communes ne disposent plus d'aucun commerce.
01/04/2024  - Billet

Salut Richard

C'était d'abord une voix forte. Qui ouvrait des voies. Celles qu'il a défendues tout au long de sa carrière. Brillant et apprécié pour ses redoutables compétences lors des débats car travaillées constamment, méthodiquement, désintéressées et reconnues.  ...