Le 5 mai, le Sénat a adopté à l'unanimité la proposition de loi refondant la profession infirmière. Un décret en Conseil d'Etat précisera les domaines d'activités et de compétences de l'infirmière, et un arrêté, la liste des actes et soins pour chacun de ces domaines d'activités. Dans une lettre ouverte du 12 mai qui exprime un « soutien plein et entier » à cette « initiative législative », plusieurs sociétés savantes concernées par la prise en charge des patients atteints de plaies chroniques et/ou complexes - ulcères, escarres, pieds diabétiques...- pointent le déficit de formation des infirmières et alertent sur la nécessité d'une expertise spécialisée en plaies et cicatrisation accessible, dès les premiers signes d'alerte, dans le parcours coordonné du patient. « Les plaies ne sont pas de simples ouvertures de la peau, mais les symptômes visibles de maladies profondes qui, sans une détection et une prise en charge expertes (avec des prescriptions d'acte et de traitement, qui ne peuvent être que médicales), peuvent rapidement évoluer vers des situations irréversibles : amputations, infections sévères, hospitalisations évitables », écrivent les sociétés savantes (et la Fédération française des diabétiques).

Or grâce à l'existence depuis 30 ans de diplômes universitaires spécialisés en plaies et cicatrisation, environ 5 000 médecins et 15 000 infirmières sont formés. « Quelle est leur place aujourd'hui ? Sont-ils intégrés aux équipes ? Sont-ils sollicités à temps, quand leur expertise pourrait changer le pronostic d'un patient ? » demandent-elles. Pour elles, il est urgent de définir des critères d'alerte clairs, qui permettront aux infirmières d'identifier les situations à risque et de solliciter rapidement l'avis d'un expert - quand une plaie s'aggrave, il est souvent trop tard. « Or, des solutions existent », insistent les sociétés savantes qui citent l'expérimentation article 51 Domoplaies, un dispositif de télémédecine en soutien des infirmières pour les patients atteints de plaies chroniques et complexes, à domicile ou en Ehpad. « Ce modèle a permis de réduire significativement les hospitalisations évitables, d'accélérer les délais de cicatrisation et de limiter les récidives » relèvent le Comité technique et le Conseil stratégique de l'innovation dans un avis de février 2025 favorable à la généralisation de l'expérimentation sous forme de parcours coordonné renforcé.