Les infirmières libérales demandent la correction « sans attendre » de l'erreur de procédure tandis que l'Ordre des Médecins confirme d'autres recours contre d'autres textes.

Infirmier référent : l'annulation du décret provoque une onde de choc
Les infirmières libérales sont des acteurs pivots dans le maintien à domicile, en particulier dans les territoires ruraux, et l'annulation partielle le 22 juillet par le Conseil d'Etat du décret du 27 juin 2024 encadrant le statut d'infirmier référent provoque une onde de choc. D'autant qu'elles sont en pleines négociations conventionnelles avec l'assurance-maladie.
Après la FNI hier, c'est au tour du Syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux (Sniil) de protester dans un communiqué titré « L'infirmier référent pris en otage... entre amateurisme et corporatisme ». L'amateurisme, c'est celui de l'Etat qui a commis « une erreur juridique évitable, révélatrice d'un manque persistant de reconnaissance des professions paramédicales dans l'élaboration des politiques de santé » - il convient de la corriger « sans attendre ». Le corporatisme, c'est celui de l'Ordre des médecins qui persiste « dans une opposition systématique à toute évolution des métiers de santé » alors que « la transformation de notre système de santé nécessite une vision ouverte, collaborative et centrée sur les besoins réels des patients ».
« Je suis inquiète, les patients sont les oubliés de cette guerre intestine, déclare à Géroscopie Anne-Gaëlle Kramer, vice-présidente du Collectif des infirmiers libéraux en colère, ceux en ALD et âgés ciblés par le décret annulé, mais aussi tous les autres concernés par d'autres textes réglementaires à venir ». Elle cite en particulier le décret attendu sur la prise en charge des pansements et plaies en application de l'article 2 de la loi Rist 2 du 19 mai 2023 : « il faut tout de même reconnaître que les infirmières sont plus compétentes que les médecins en ce domaine ! », s'exclame-t-elle. Craintes aussi pour les textes promis dans les trois mois en application de la grande loi infirmière du 27 juin dernier.
« Le médecin au centre du village »
Elu le 19 juin à la présidence du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), le Pr Stéphane Oustric vient de publier son premier édito dans le bulletin de l'Ordre. Il y écrit (avant la décision du Conseil d'Etat) « le médecin est au centre du village. Nous devons le défendre, sans compromis ». L'Ordre va poursuivre la bataille judiciaire contre l'extension des compétences des paramédicaux, Jean-Marcel Mourgues, vice-président en charge de la démographie médicale l'a confirmé à l'AFP - seul le médecin traitant est la « clef de voûte » de la coordination des soins aux patients. Le dernier recours déposé par l'Ordre en Conseil d'État est celui contre l'arrêté du 25 avril 2025 fixant le champ de prescription des infirmières en pratique avancée.