Dans sa livraison de 2016, on apprend beaucoup de choses sur le rapport des seniors aux technologies et aux écrans. Le baromètre confirme une idée reçue que j'ai plus d'une fois relevée : les seniors sont plus connectés que leurs cadets. Les 50-75 ans passent 27 heures par semaine devant leurs écrans, 20% de temps en plus que les moins de 50 ans. Surtout, ils sont connectés sur l'internet plus de 13h par semaine, presque deux heures par jour. Et pratiquement une heure de plus par semaine que les moins de 50 ans. Pour l'Observatoire du Cetelem, un quart des plus de 60 ans est membre d'un réseau social. C'est deux fois plus qu'il y a cinq ans. Parmi les raisons évoquées à cette proximité numérique, le moyen de garder un lien avec des proches plus jeunes éloignés géographiquement, pour des raisons de formation ou d'emploi, vient en tête.

L'Observatoire met aussi en avant que les seniors valorisent une forme non virtuelle de connexion : celle d'être proche des autres. Pour 63% des 60-75 ans bien vieillir c'est être entouré de ses proches. Les moins de 35 ans sont 62% à penser la même chose ! Là encore, nous sommes bien loin d'une opposition entre les générations....

Bien au contraire, l'Observatoire Cetelem met en avant que la cohabitation et la solidarité intergénérationnelle se portent très bien. Elles sont en hausse. Ainsi 43% des 50-60 ans ont encore au moins un enfant à la maison et 17% des 60-75 ans sont aussi dans ce cas. Sur l'autre versant de la cohabitation générationnelle, 6% des 50-60 ans et 2% des 60-75 ans vivent avec au moins un parent dans le foyer. Si ce phénomène de génération pivot est marqué dans toute l'Europe, c'est en Espagne que les seniors sont le plus sollicités : 57% de la silver génération a encore au moins un enfant ou un petit enfant dans son foyer ! Au Portugal, le chiffre est de 51%. A l'inverse, le taux d'accueil des parents est seulement de 12%.

Les seniors de France se situent à un niveau moyen avec 26% de ménages qui accueillent au moins un descendant. Pour ce qui concerne le partage de son toit avec ses ascendants, ce sont les Roumains qui sont les plus sollicités avec 10% de ménages concernés. Les Britanniques sont en queue de peloton avec 1% de seniors qui accueillent un parent dans leur foyer, contre 2% en France. C'est pourtant au Royaume Uni que le taux de pauvreté des seniors est le plus élevé avec 13% de la population. En France, 4% des seniors vivent sous le seuil de pauvreté. Seule la République Tchèque fait mieux avec 2%.

Ces chiffres européens montrent bien que la société moderne n'a pas rendu caduc les liens familiaux, ni les échanges entre proches. Dans une période de mutation et de tension sociale, culturelle et économique, les seniors jouent un véritable rôle d'amortisseur de difficultés. Jamais autant, la silver génération n'aura mérité son nom de génération pivot !

Serge Guérin, Professeur à l'INSEEC Paris. Directeur du Diplôme " Gestion des établissements de santé ".

Dernier ouvrage : Silver Génération. 10 idées fausses à combattre sur les seniors, Michalon