La hausse de 2,35% est insuffisante au regard des besoins et l'avenir reste menaçant en l'absence de mesure pérenne. Deux mesures sont dénoncées : la mise en réserve prudentielle « excessive » et la compensation seulement partielle des augmentations des cotisations retraite dans le public.

Une circulaire budgétaire 2025 insuffisante face aux menaces
Le cabinet de Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée à l'Autonomie et au handicap a présenté le 28 avril aux fédérations les grandes orientations de la première circulaire budgétaire pour 2025 dont la parution est prévue au Bulletin officiel du 30 mai. Une réunion technique s'est déroulée le lendemain avec la Direction générale de la cohésion sociale. Les premières réactions.
AD-PA - Pour l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), le bilan est « mitigé », le taux de revalorisation de la valeur du point de +2,35 % restant « insuffisant pour permettre aux directeurs de présenter un budget à l'équilibre », d'autant qu'il inclut la création de 6500 ETP supplémentaires . Au rang des avancées, le dégel du point en tarif global et les 250 millions du fond d'urgence, pour les Ehpad. « Ces prévisions budgétaires permettent de sauver les meubles tout en hypothéquant malgré tout l'avenir des établissements et services à domicile », résume l'association.
Fehap- La Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne (Fehap) déplore (fichier joint) une mise en réserve de l'Ondam de 241 millions d'euros (fraction de crédits mise de côté en début d'exercice, ndlr)« exagérément prudentielle au regard des besoins de financement des établissements » et demande qu'il soit corrigé à la baisse. En ce qui concerne le fonds de soutien aux Ehpad, elle renouvelle sa demande sur la transparence des critères d'attribution et réaffirme que les fédérations « doivent être représentées dans les commissions d'attribution de ces fonds ».
En matière de récupération des réserves, la Fehap salue le passage de 30 à 90 jours de trésorerie comme critère d'appréciation ainsi que l'encadrement de la période sur laquelle elles peuvent être récupérées, restreinte au CPOM qui vient de s'achever. Cependant s'il est mentionné que les réserves d'investissement et de dotation des charges d'amortissement ne sont concernées qu'exceptionnellement par les reprises, « le caractère exceptionnel laisse demeurer un flou qu'il est nécessaire de préciser afin de garantir une équité de traitement ». La fédération demande que l'ensemble du périmètre soit clairement défini et ne laisse place à aucune imprécision.
FHF- La Fédération hospitalière de France (FHF) le résume « si les engagements précédents sont reconduits, les mesures annoncées restent insuffisantes face aux menaces structurelles qui pèsent sur l'offre médico-sociale publique ». Elle pointe, elle aussi, une mise en réserve prudentielle record à 241 millions « qui neutralise les efforts annoncés ». Par ailleurs, la hausse massive des cotisation retraite (CNRACL) des employeurs publics d'ici 2028 (+13 points dont 4 points dès 2025), « va fortement peser sur les charges des ESMS publics », dénonce la FHF. A la différence des hôpitaux pour lesquels il est annoncé une compensation intégrale à l'euro près, celle prévue pour le médico-social public (FPH et FPT),112 millions, ne couvrira que les surcoûts qui pèsent sur la section soin, soit moins de la moitié de la charge nouvelle imposée. Il est déjà acquis que les départements n'accepteront pas de financer cette hausse à travers les tarifs hébergement et dépendance, la FHF renouvelle donc sa demande d'une compensation intégrale de cette charge nouvelle imposée aux seuls employeurs publics.
Fnaqpa- « Une consolidation de l'existant mais toujours pas de vision d'avenir », titre le communiqué de la Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (Fnaqpa). Elle reconnaît le maintien des mesures au bénéfice des établissements et services en dépit du contexte économique, mais, souligne-t-elle « le décalage entre les financements alloués et les besoins et les attentes des personnes âgées accompagnées se poursuit inexorablement ». Elle déplore qu'une part de plus en plus importante des financements alloués au secteur « passe par des crédits dont l'allocation n'est ni pérenne, ni objective, est préoccupant ». L'absence de visibilité et l'impossibilité de se projeter « plongent les gestionnaires dans l'incertitude permanente ».
Synerpa - Le Syndicat national des établissements, résidences et services d'aide à domicile privés pour personnes âgées (Synerpa) dénonce « des moyens insuffisants face à l'urgence du vieillissement ». Si l'effort engagé sur l'Ondam personnes âgées, notamment pour soutenir les centres de ressources territoriaux et les Pasa, « mérite d'être salué », le taux de reconduction de 2,35 % « reste dramatiquement insuffisant » au regard des besoins réels constatés sur le terrain. En matière RH, il regrette par ailleurs l'absence de financement pour l'avenant 33 et la non-extension des primes de sujétion au secteur privé commercial « qui creusent une iniquité de traitement déjà criante ». Il alerte également sur l'actuel creux démographique qui rend structurellement plus difficile d'atteindre des taux d'occupation élevés - « ce changement de paradigme n'a pas été intégré dans les projections gouvernementales ». Enfin, pour le Synerpa, la mise en réserve prudentielle de 241 millions d'euros sur les crédits personnes âgées et les personnes en situation de handicap « est incompréhensible et inacceptable ».