Les tablettes sont un outil nouveau pour les professionnels. Leur approche est prudente et doit tenir compte des solutions logicielles déjà installées. Leur enthousiasme n'en est pas moins réel. Quelques témoignages donnent le ton.
La tablette, une aide au service des soins
De la zapette à la tablette
Mme Sabine Feradyan, chef de projet, en charge du déploiement du dossier informatisé du résident sur les 16 Ehpad du Centre d'Action sociale de la Ville de Paris (CASVP):
"Le CASVP a fait le choix en 2012 pour informatiser le dossier du résident, à l'issue d'une procédure de marché public, de retenir le logiciel Titan de la société Malta informatique, qui proposait dans sa solution un dispositif nomade nommé "zapette". Nous avons commencé le déploiement de Titan en novembre 2012. La zapette permet de tracer les soins et l'administration des médicaments dans le dossier au plus proche de leur réalisation. Par le biais d'un câble relié à un ordinateur, les données sont transférées et intégrées dans les dossiers des résidents. L'usage de ces zapettes, intuitif et plus rapide que la saisie au clavier, se traduit par un gain de temps surtout pour le personnel aide-soignant, souvent peu familiarisé avec l'outil informatique.
Nous avons d'ailleurs mis en place des formations d'initiation à l'informatique en amont du déploiement du logiciel pour chaque Ehpad. "
Vous réfléchissez au fait de passer à l'utilisation d'une tablette numérique ?
" Notre réflexion, par rapport à la tablette numérique comparée à la zapette, c'est l'instantanéité de la prise en compte des données. Nous faisons l'économie du déchargement de la zapette, qui n'est pas immédiat et que les aides-soignants déchargent bien souvent en fin de service pour éviter trop de manipulations et d'allers et venues, ce qui génère des " embouteillages ". Ceci ne permet pas de disposer immédiatement de l'information surtout lorsqu'une famille en visite souhaite savoir si un soin a été donné à son parent. Avec la tablette numérique le renseignement pourrait être immédiatement disponible.
Notre réflexion porte surtout aujourd'hui sur la distribution des médicaments par les infirmiers (es) (IDE).
Il est important de la tracer en temps réel afin d'éviter les oublis. La tablette permettrait de le faire au chevet du résident en disposant d'un visuel sur les éléments du dossier médical et sur tous les traitements en cours, pour un meilleur suivi. L'adoption de la tablette suppose que nos Ehpad disposent au moins d'une borne Wifi. Le coût d'installation de ces bornes étant conséquent, il constituera un frein à son déploiement. Nous devons également prendre en compte la sécurité du matériel. Actuellement nous avons des zapettes qui disparaissent, alors que leur seule fonction est la lecture de codes-barres. Pour mener à bien notre réflexion, nous souhaitons nous rendre prochainement dans un Ehpad disposant de Titan nomade afin de bénéficier de leur retour d'expérience.
Le Docteur Florence Poupet, médecin-coodinateur à l'EHPAD Monastir (Pyrénées Orientales).
On voit dans la tablette un plus pour le soignant en facilitant la prise de connaissance directe du résident au pied du lit, ce qui peut avoir un intérêt en cas de remplacement du soignant. Pour quelqu'un de nouveau c'est pratique d'avoir tout sous la main, sans avoir besoin d'aller et venir. C'est confortable sur l'organisation de la journée du soignant et l'organisation des soins d'une personne, les types de soins, savoir qui elle doit prendre en charge le matin en arrivant, même si elle ne connaît pas le résident, savoir que la personne a un rendez vous et qu'elle doit être prête plus tôt ce jour là. L'information apparaît tout de suite sous les yeux. Pour le soigné cela nous apparaît un gage de sécurité parce que le soignant au pied de son lit sait exactement ce qui doit être réalisé, tant en terme de nursing qu'en terme de soins médicaux.
Cependant cette tablette ne peut être un outil valable que si le soignant a une bonne connaissance du logiciel médical qu'on utilise. Toutes les personnes travaillant dans l'établissement ne sont pas appétentes à l'informatique mais nous avons aussi des personnes jeunes qui baignent dans cette culture. Pour les personnes autour de la cinquantaine ce n'est pas toujours évident même pour les médecins... ils ne perçoivent pas toujours très bien la notion de synchronisation....enfin l'application tablette comporte quelques différences avec le logiciel habituel. Et puis nous avons fait le choix d'une tablette mobile mais fixe sur les chariots pour éviter les vols et la casse...
M. Gilles Perrocheau, de la résidence Bethanie à Nueil-les-Aubiers (79) (120 lits).
La tablette fait partie des nouveaux outils, modernes et performants, que le personnel soignant peut avoir à disposition. Dans les bureaux c'est complètement intégré. Toutes les infirmières avaient jusqu'à maintenant des outils informatiques fixes. Le gros avantage d'utiliser des outils mobiles c'est que où qu'elles soient dans l'établissement, dans n'importe quelle chambre, elles ont tout du dossier médical du résident. Si elles doivent consulter les antécédents ou le traitement, ou les constantes, l'accès est instantané. Cela permet de gagner du temps, puisqu'avant d'avoir des tablettes résistantes à l'eau et aux chutes Panasonic et le logiciel Cerig il fallait écrire sur des carnets ou des feuilles volantes. Il y a donc un gain de temps pour accéder à l'information mais aussi pour la saisie des actes qu'elles font et les noter au fil de l'eau tout au long de la journée. Avant il fallait noter sur un carnet et re-saisir en informatique. Aujourd'hui elles cochent, saisissent, notent, acte après acte. Elles peuvent même prendre des photos et le risque d'erreurs est bien moindre puisqu'avant on pouvait oublier ou faire une erreur en retranscrivant. Là, si on est dans la chambre de Paul et si l'on note les données de ce patient-là, il n'y a pas d'erreur à faire... C'est fiable, fait gagner du temps et pertinent comme outil. Nous avons équipé toutes les infirmières et les aides-soignantes et on ne reviendrait pas en arrière. C'est aussi un moyen de dynamiser les équipes et les infirmières en faisant évoluer leur métier.