21/02/2024  - PPL Bien Vieillir  16546

Service autonomie à domicile : une réforme « trop complexe à mettre en oeuvre »

Un directeur de Ssiad s'insurge contre la réaction des fédérations du domicile contre un amendement du Sénat rendant facultatif le regroupement des Saad et Ssiad.

Au détour d'un amendement à la proposition de loi (PPL) « Bien Vieillir » portée par la sénatrice LR de Charente-Maritime Corinne Imbert (art.8 ter), les sénateurs ont rendu facultatif le regroupement des structures services d'aide et accompagnement à domicile (Saad) et de soins infirmiers à domicile (Ssiad) au sein des nouveaux services autonomie à domicile (SAD), en raison notamment des difficultés de mise en oeuvre. Dans un communiqué commun du 5 février, plusieurs fédérations du secteur ont alerté sur ce qu'elles estiment être une remise en cause de la réforme. Dont la Fehap et l'Uniopss.

Un lecteur de geroscopie.fr, Eric Fortane, directeur de Ssiad, s'insurge, lui, contre leur positionnement hostile à l'amendement. Nous publions ici sa réaction en sachant que la commission mixte paritaire réunie le 12 mars aura à départager députés et sénateurs sur ce point comme sur de nombreux autres

 

« Nous sommes surpris, et le mot est faible, par cette prise de position contre l'amendement 154 adopté par le Sénat le 31 janvier.

Elle ne reflète pas l'opinion d'une grande partie des adhérents et ce à notre plus grande surprise. Je suis moi-même adhérent de la Fehap et de l'Uniopss.

Il y a une réelle rupture entre les adhérents et les représentants nationaux.

Les délégations régionales de ces mêmes instances n'ont pas été concerté le moins du monde, pas plus que les adhérents. Si travailler de concert avec le secteur de l'aide est une évidence partagée par la majorité du secteur du soin à domicile, cette réforme, complètement déséquilibrée en faveur des services d'aide à domicile, et très (trop) complexe à mettre en oeuvre, n'est en l'état pas celle souhaitée par la totalité des Ssiad des Pyrénées- Atlantiques.

Les Ssiad qui se sont déjà lancés dans la réforme le font, en grande majorité, plus par peur de perdre leur autorisation que par conviction.

Nous pensons que, pour une fois, miser sur l'expérience et l'intelligence des acteurs de terrain pour s'organiser est la méthode la plus efficace et réaliste.

Les attendus de cette réforme (simplifier, faciliter, fluidifier le parcours de l'usager), peuvent tout à fait être mis en oeuvre par des solutions moins complexes et contraignantes, adaptées aux spécificités locales.

C'est d'ailleurs ce que font déjà au quotidien, depuis longtemps, un grand nombre de Ssiad et de Saad qui travaillent en collaboration.

Cette réforme dite « structurante » est au contraire entrain de déstructurer le secteur.

Pourquoi, par exemple, ne pas avoir tout simplement décidé de favoriser le principe de conventionnement type Spasad qui existe depuis 20 ans et qui répond aux mêmes exigences que cette réforme ?

Nous ne sommes par ailleurs pas certains que de passer d'une offre actuelle claire (les soins par les services de soins, l'aide par les services d'aide), à une offre en aide et en soins portée par des services autonomie mixtes et une offre en aide seule portée par des services autonomie non mixtes soit de nature à apporter de la lisibilité à l'usager. Quant à l'argument éculé du « guichet unique », il est ressorti à chaque fois qu'un nouvel organisme de coordination, information, intégration, ou autre, voit le jour. La liste est longue.

Et pour finir, les usagers ne savent plus où s'adresser tant les guichets « uniques » se multiplient.

Nous sommes d'autant plus surpris que le communiqué de la Fehao Nouvelle-Aquitaine du 30 novembre 2023 dénonçant la complexité de cette réforme et les nombreux freins à sa mise en oeuvre allait, lui, dans le sens des problématiques que les acteurs de terrain font régulièrement remonter.

S'agit-il d'une forme de schizophrénie ou, pire, d'un double discours de la Fehap, selon qu'elle s'adresse aux instances qu'elle ne veut pas froisser ou à ses adhérents qu'elle veut garder ?

La question de rester au sein d'une fédération qui n'écoute, ne soutient, ni ne défend ses adhérents se pose.

Je veux ici réaffirmer notre soutien indéfectible à la sénatrice Corinne Imbert qui a le courage de poser les bonnes questions ».