Dans le n° 37-octobre 2013  -  A Vanault-les-Dames (51)  1590

Qualité de vie au travail dans les petites unités de vie

L'Aract Champagne-Ardenne et l'ARACT Lorraine ont a initié une démarche d'amélioration de la qualité de vie basée sur des diagnostics, d'échange et de réflexion avec les personnels de 5 Marpa situées dans la Marne, la Meuse et les Ardennes dans le but d'améliorer les conditions de travail des personnels.

La démarche a débuté par un appel d'une Marpa demandant s'il était possible d'obtenir une aide financière sur les risques psychosociaux et les risques psychiques. Ce premier contact a débouché sur une proposition de travail commun avec les chargés de missions des 2 ARACT, les directrices et les personnels des différents établissements.

"il fallait regarder les aspects compétences, temps de travail, organisation, les matériels à disposition, explique Jean Pierre Joliff, chargé de mission - ergonome de l'Aract Champagne-Ardenne. Introduire un temps d'échange dans une journée de travail cela ne paraît rien mais c'est très important pour les gens. Donner la possibilité aux salariés de manger sur le pouce au lieu de finir à jeun à 14h30, c'est très positif. Un travail de construction a été réalisé avec les personnels de façon à faire des constats partagés et ainsi de dégager des axes de travail. Il est essentiel de ne pas travailler que sur un seul aspect mais sur l'ensemble des postes''.

"Comme dans tout concept, il y a des choses améliorables. C'est pour cela que nous travaillons désormais en partenariat avec la FN MARPA car il y a plus de 170 structures qui doivent se poser des questions similaires sans compter celles qui sont encours de création... Ce sont des structures créatrices d'emploi, il faut tout faire pour qu'elles soient de qualité''.

Chaque structure a été visitée et a fait des choix organisationnels ou matériels pour améliorer la qualité de vie des personnels au travail: aménagement des plannings, création d'une zone de réception des fournitures avec une table pour éviter les mauvaises postures de travail, éviter de travailler en hauteur la nuit, achat d'un système de communication entre agents.

Ces structures s'autofinancent. Elles doivent arbitrer entre les diverses possibilités matérielles d'amélioration. Aujourd'hui, la dynamique est engagée car les MARPA ont fait le lien directe entre la qualité de vie au travail des salariés et le bien-être des résidents..

Isolement des personnels

Les structures n'ont pas les moyens de doubler tout le temps tous les postes. De ce fait à certains moments les agents travaillent en ressource unique. Des renforcements d'effectifs ont été mis en place à certains moments forts de la journée notamment au moment des repas. Des temps d'échange et de transmission autour d'un café ont été institutionnalisés entre le personnel du matin et d'après-midi.

Véronique Machet, agent polyvalent de la Marpa de Courtisols:

Comment avez vous vécu l'intervention de l'ARACT?

C'est une prise en compte de nos difficultés. Sans nous en rendre compte nous avions à améliorer notre organisation. Une personne extérieure perçoit mieux nos difficultés. Toutes les structures sont différentes, les résidents vieillissent: ils rentrent avec une canne et finissent en fauteuil, ils perdent leurs repères. Nous sommes 3 agents à temps plein et deux à temps partiel. La difficulté est de réaliser le planning. Nous avons fait quelques sacrifices sur les week-end pour pouvoir travailler en doublon.

Une de nos principales difficultés était la préparation des repas. Se retrouver seule pour préparer les repas pour 24 personnes, sans compter les alertes concernant des résidents qui faisaient une chute ou avaient un problème de santé, c'était angoissant. Aujourd'hui , une personne reste en cuisine et une autre peut intervenir en cas d'urgence. En cas de chute nous disposons désormais d'un lève malade et toutes les équipes sont doublées le midi et le soir''.¶

Didier Appert, président de la Marpa Les Charmilles de Courtisols

Nous nous sommes associés à ce projet de l'ARACT même si au début j'ai eu du mal à comprendre la finalité exacte de ce projet mais je me suis aperçu de l'utilité de cet oeil extérieur sur les conditions de travail de l'établissement. Quand les conditions de travail du personnel sont bonnes cela se ressent immédiatement sur les résidents et leur bien être. Les conditions de travail étaient déjà bonnes mais il y a encore eu une amélioration et nous essayerons encore de faire mieux pour les résidents.


Cela vous a demandé d'investir plus dans du matériel?

Oui nous avons dû notamment surélever le lave vaisselle, et améliorer l'espace réception des marchandises.

Caroline Issenhuth, responsable de la Marpa de Beauregard:

Grâce au diagnostic de l'ARACT nous avons décidé deux projets de réaménagement: la création d'un local de réception des colis, un local de 12m2 avec une table de réception, et une modification de l'accueil de la résidence pour isoler le bureau de la responsable et préserver l'intimité des rendez-vous avec les familles et les résidents. Nous avons également optimisé le planning en équilibrant les horaires sur 3 semaines.

Beaucoup de responsables et de personnels ont émis le souhait d'avoir un accompagnement psychologique en cas de deuil des résidents. "Nous savons qu'il existe des spécialistes du deuil mais nous n'avons pas encore réussi à identifier un partenaire potentiel dans notre région''.

D'autres suggestions émergent des échanges avec les personnels: éviter les travaux en hauteur qui posent des problèmes de sécurité, surtout la nuit. Mise en place d'un système de remplacement inter-Marpa afin de palier des absences ou une surcharge ponctuelle d'activité, mutualiser certaines ressources.

Le travail exemplaire réalisé en commun avec l'Aract et les 5 Marpa ont créé une dynamique qui débouchera sur la création d'un référentiel compétences et une sécurisation des parcours d'intégration pour les agents polyvalents. La réorganisation du fonctionnement du service en salle et l'achat de matériels (lève-malade), l'externalisation de certaines tâches, la programmation de formations (techniques culinaires, prévention des risques liés à l'activité physique) mais aussi la prise en compte dans la configuration architecturale non seulement de la fonction esthétique mais aussi de l'activité travail.