Des scientifiques ont cherché à évaluer dans quelle mesure le pourcentage de protéines végétales peut être augmenté en toute sécurité chez les personnes âgées.
Protéines : jusqu'où végétaliser l'alimentation des seniors ?
Actuellement les protéines dans l'assiette des français se répartissent en moyenne en 1/3 de protéines végétales et 2/3 de protéines animales. L'augmentation de la part de protéines végétales, pour rééquilibrer et diversifier son alimentation, est conseillée dans le cadre du dernier Programme National Nutrition Santé. Elle permettrait de limiter le risque de certaines maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires ou les cancers. Mais elle soulève des points de vigilance pour les personnes âgées quant au risque d'apport insuffisant en certains nutriments.
S'appuyant sur les données représentatives des régimes alimentaires des adultes français de plus de 65 ans de l'étude Inca3, des chercheurs de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) et d'AgroParisTech ont modélisé et optimisé différents régimes avec un taux de végétalisation croissant pour s'assurer qu'ils soient en adéquation avec les besoins nutritionnels des seniors, en tenant compte d'un besoin protéique élevé ou standard. Les régimes ont été également conçus pour minimiser le risque de maladies chroniques tout en restant au plus proche des habitudes alimentaires. Les auteurs ont publié les résultats de leur étude dans la revue The American Journal of Clinical Nutrition. Ils montrent qu'au fil de l'augmentation de la part de protéines végétales, les problèmes nutritionnels les plus susceptibles d'émerger ne sont pas uniquement liés aux protéines ou acides aminés, mais à d'autres nutriments s'avérant plus limitants comme l'iode, le calcium, le fer ou les vitamines A et B12.
Les besoins élevés en protéines peuvent aussi devenir préoccupants dans les régimes majoritairement végétalisés du fait de la moindre teneur protéique des produits végétaux en comparaison des produits animaux. L'étude montre qu'il est possible chez les seniors d'inverser le rapport 1/3 2/3 de l'assiette moyenne des Français en augmentant le taux de protéines végétales à 2/3 sans compromettre la satisfaction des besoins nutritionnels, à condition de maintenir une consommation suffisante de produits issus de la mer et de produits laitiers, à hauteur des recommandations générales de santé publique actuelles. L'adoption de régimes encore plus végétalisés nécessiterait d'autres leviers comme l'enrichissement d'aliments en nutriments ou le recours à des compléments alimentaires permettant d'assurer les besoins nutritionnels des seniors.
Présentation de l'étude par l'Inrae
