Dans le n° 63-décembre 2015  - Interview expert  5237

Pour un EHPAD de 80 lits, le gaspillage alimentaire se chiffre entre 20 et 40 000 €

Trois questions à Sophie Debarge, ingénieur au Service Consommation et Prévention des Déchets à l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).

Qu'appelle-t-on gaspillage alimentaire ?

Selon la définition retenue par le gouvernement, le gaspillage alimentaire est toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à un endroit de la chaîne alimentaire est perdue, jetée, dégradée. Réduire le gaspillage alimentaire de moitié d'ici 2025 est un engagement pris par le gouvernement français dans le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire ainsi que dans le Plan national de prévention des déchets 2014-2020, plan qui découle d'une obligation de l'Union Européenne. Par ailleurs, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique, promulguée en août dernier, tous les établissements publics, devront mettre en place en 2016 un plan de réduction du gaspillage alimentaire.

Comment élaborer un plan d'action pour réduire le gaspillage alimentaire ?

Si l'on prend pour exemple un EHPAD de 80 lits qui sert 3 repas sur 365 jours, il y a une perte de 20 à 30 % de l'assiette, ce qui représente entre 10 à 20 tonnes de biodéchets par an. Sur la base d'un plateau de 600 grammes à 2 euros, cela représente entre 20 à 40 000 euros de nourriture jetés. Les coûts de traitement des déchets alimentaires sont inférieurs à la valeur des matières premières jetées à la poubelle. De l'ordre de 3000 euros pour traiter 30 000 euros de nourriture jetée. La réglementation sur la réduction des biodéchets est un levier pour prendre conscience de l'impact environnemental, éthique et économique du gaspillage alimentaire. Afin de définir un plan d'action, l'EHPAD va dresser un état des lieux selon que la restauration est intégrée ou externalisée, le service s'effectue à table ou pas. Il faut effectuer une pesée des déchets alimentaires sur les différents postes : deux poubelles pour la cuisine et une poubelle pour les retours plateaux. Il ne s'agit pas de stigmatiser le personnel de cuisine mais d'identifier les points d'amélioration du circuit de la restauration. Cet autodiagnostic peut aussi permettre de mettre en évidence les plats appréciés et ceux qui le sont moins. Ainsi, les recettes, les propositions de menus pourront être retravaillées de façon à satisfaire au mieux les résidents.

Quel accompagnement l'ADEME propose aux EHPAD qui souhaitent réduire le gaspillage alimentaire ?

L'ADEME dispose de délégations par région qui apportent leur soutien aux porteurs de projets. Chaque année, dans le cadre du Plan régional de l'alimentation, l'ADEME et la DRAAF (Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt) lancent des appels à projets pour promouvoir et soutenir des actions innovantes de lutte contre le gaspillage alimentaire et de réduction des déchets alimentaires.