L'hygiène des locaux en EHPAD permet une vie saine en collectivité. Nous avons demandé à Jean Pesnel, hygiéniste, formateur et référent sur la propreté et l'hygiène des locaux au CTTN-IREN de nous en parler.
Nettoyer sans polluer l'environnement
Quelles sont les nouveautés ou innovations intéressantes dans le nettoyage des surfaces ?
A l'heure actuelle, l'évolution va vers une diminution de l'utilisation des détergents. Les utilisateurs prennent conscience du fait que les détergents sont des polluants et qu'on les retrouve ensuite dans les égouts, quand ce n'est pas dans les eaux pluviales. Mais un effort doit être fait sur la maîtrise des dosages. Les agents ne savent pas doser. A une certaine époque, on mettait les détergents dans des petits sachets (20 ml pour réaliser 8 litres de produit). On s'est rendu compte que seuls 2 ou 3 litres étaient utilisés et que le reste était jeté. On s'est alors orienté vers les distributeurs automatiques de détergents. Si les agents ont besoin de 2 litres, ils en prennent 2 litres.
Une deuxième évolution consiste à donner des produits prêts à l'emploi. C'est notamment le cas pour le nettoyage de mobilier : souvent sous forme de pulvérisateurs. La pulvérisation pose une difficulté car elle provoque un brouillard que l'on respire. Sont apparus alors des pulvérisateurs qui libèrent une mousse et évitent ainsi l'inconvénient des gouttelettes. En général, ces produits sont plus concentrés et risquent d'augmenter les encrassements.
On s'est aussi demandé pourquoi on utilisait automatiquement un détergent : et si on lavait à l'eau ? En effet, une partie des salissures se dilue à l'eau. Mais pour compenser la perte d'action chimique, il faut une action mécanique un peu plus forte. L'utilisation des tissus microfibres répond à cette problématique, autant pour les sols que pour les points de contact (poignées de porte) et le mobilier.
Toutefois, dans un coin du chariot, on se garde la possibilité d'utiliser un détergent pour les salissures trop difficiles à enlever.
Les couloirs des EHPAD ne sont pas très sales. Ces salissures s'enlèvent à l'eau. Le lavage à l'autolaveuse peut ainsi se faire sans détergent.
Le nettoyage à la vapeur est une piste d'évolution. Je le préconise pour les nettoyages de mobiliers, les sanitaires, les ascenseurs hors présence du résident.
Dans le nettoyage quotidien, c'est pour le lavage des sols que le nettoyage vapeur a son intérêt. Il ne faut pas oublier l'encombrement de la machine avec ces câbles, les risques de brulure et que la méthodologie est très différente.
Une autre évolution est d'utiliser des produits labellisés : Ecolabel ou Ecocert. Difficile de dire si un label est mieux que l'autre. Chacun est soucieux d'utiliser des produits moins agressifs pour l'environnement en diminuant les problèmes de rejet et de recyclage.
Quels sont les points clés d'une bonne hygiène en EHPAD ?
Le lavage et/ou la friction des mains reste la priorité. En EHPAD, les agents ne sont pas les seuls concernés. Les mains des résidents constituent une vraie difficulté. Ils s'auto-contaminent, lors de leurs déambulations ou en pratiquant des activités. La qualité hygiénique des mains du résident est donc fondamentale.
Il faut nettoyer le plus souvent possible les rampes dans les couloirs et les ascenseurs, les poignées de porte, tout ce qui est à proximité des mains des résidents. Ces zones-là sont prioritaires par rapport au sol.