Cette ambition s'est d'abord traduite par le déploiement du dispositif PRAP (prévention des risques liés à l'activité physique) dans le cadre de l'école LNA Formation. Depuis près de dix ans, il a permis de former et de sensibiliser un large réseau de formateurs internes et d'acteurs au sein des établissements qui analysent les situations de travail et partagent des conseils auprès de leurs collègues. La réflexion s'est également intégrée dans les projets immobiliers et d'aménagement des locaux pour concilier au mieux les conditions d'accueil des résidents et des patients et le confort de travail des professionnels (espaces de circulation fluides pour les déplacements, mobiliers sans pied pour faciliter le ménage...).

Aujourd'hui, la démarche a pris de l'ampleur. Elle se décline autour de trois grands axes complémentaires et fait partie intégrante du quotidien des équipes.

Une démarche pilotée et structurée

Un comité de pilotage (Copil) dédié se réunit régulièrement à l'échelle du groupe. Animé par les référents risques professionnels, il associe des métiers structurants de l'activité (direction médicale, qualité, immobilier, achats...), définit et pilote un programme de prévention commun à l'ensemble des établissements.

La démarche se renforce aussi autour de rôles et rituels clés : un Copil et un référent prévention identifiés dans chaque établissement, une coordination régionale animée par un référent prévention régional. Cette organisation cible, déjà expérimentée avec succès en Pays-de-la-Loire, permet à la fois d'affirmer une politique claire, de s'ajuster aux besoins d'accompagnement des établissements avec l'appui des RH opérationnels et de privilégier la réactivité et la subsidiarité. Elle va être déployée dans l'ensemble des établissements en 2023.

Pour Romain Olivier, ergothérapeute à la résidence Creisker et référent régional risques professionnels : « Les trois niveaux de coordination sont nécessaires et complémentaires. LNA insuffle la dynamique groupe, les grandes lignes et les cibles ; la coordination régionale fait le relais avec les établissements (elle optimise les objectifs aux besoins et adapte les outils nécessaires) ; la coordination du Copil et le référent prévention, directement sur site, animent cette démarche au quotidien auprès de tous les professionnels. Le Copil établissement a plusieurs bénéfices immédiats : l'analyse systématique des accidents avec la mise en place des actions d'amélioration nécessaires, le suivi plus régulier et efficient de l'accidentologie et des situations de travail et une démarche de prévention plus dynamique, mieux communiquée aux équipes. »

De nombreux supports et temps forts

Les formations à la prévention des risques professionnels sont aujourd'hui revisitées pour privilégier l'accompagnement à la mobilité de la personne aidée (ALM) en prenant soin de soi et des autres. Cette approche repose sur la connaissance des déplacements naturels et de chaque mouvement, afin d'évaluer les capacités de la personne aidée à les réaliser. Elle permet de préserver au maximum l'autonomie des résidents, ainsi que la santé et la sécurité des soignants.

En complément de ces nouvelles formations dont le déploiement démarre, de nombreux supports et temps forts permettent d'ancrer les bonnes pratiques dès l'intégration.

« Derrière chaque action, l'idée est de favoriser le développement de la culture de la prévention des risques mais aussi de rendre visible et de faire vivre la démarche au quotidien, explique Delphine Guillou, juriste développement social et référente risques professionnels LNA Santé. C'est notamment l'objectif de la journée de la prévention, organisée chaque année depuis cinq ans, qui réunit des professionnels de tous les métiers, établissements et secteurs d'activité autour d'ateliers ludiques. C'est aussi dans ce but que nous proposons une vingtaine de vidéos courtes, réalisées par un coach sportif et destinées à encourager la pratique des échauffements et des étirements pour lutter contre les TMS. Nous avons créé un livret santé sécurité, qui informe chacun sur les risques professionnels et les moyens d'action et de lutte mis en place. Tous ces supports sont disponibles dans l'espace "Prendre soin de soi" sur l'application mobile MyLNA lancée pour nos équipes en juin dernier. »

L'amélioration continue des locaux et équipements

Les locaux sont régulièrement modernisés pour gagner en praticité et en confort. C'est le cas lors de la conception d'un espace (intégration de rails au plafond dans les chambres et salles thérapeutiques) mais aussi en interrogeant les équipes sur leurs expériences. Des équipements individuels de protection sont aussi testés et référencés via des groupes de travail.

La démarche de prévention des risques professionnels innove pour bénéficier des évolutions technologiques susceptibles de réduire encore les gestes et postures pénibles. De nombreuses solutions proposées par des start-up sont ainsi expérimentées tout au long de l'année par la cellule innovation de LNA Santé en vue d'un éventuel déploiement.

Comme l'explique Luca Celli, ergothérapeute et expert métier, pilote d'un projet d'exosquelette, « l'enjeu est de créer un prototype pour réduire les sollicitations lors des mouvements à risques qui ne peuvent être évités même avec de bonnes pratiques et du matériel. C'est notamment le cas des toilettes complexes qui sollicitent beaucoup le dos. Aujourd'hui, un tel dispositif d'assistance n'existe pas et les exosquelettes du secteur industriel ne répondent pas aux besoins de nos métiers. Nous avons donc fait le choix d'engager un projet sur le long terme en partenariat avec une entreprise et avec l'appui méthodologique du pôle recherche de LNA Santé. À chaque étape, nous évaluons les bénéfices et contraintes en confrontant des phases d'évaluation et d'observation avec et sans équipement dans plusieurs établissements. Une nouvelle phase de test est prévue début 2023 dans deux Ehpad et deux cliniques SMR. »

Enfin, de nombreux établissements organisent ou facilitent l'accès des professionnels à des prestations de bien-être en partenariat avec des acteurs locaux. Il peut s'agir de massages, de réflexothérapie, de tarifs préférentiels en institut. Des temps de détente, de relaxation et de ressourcement pour prendre soin de soi, et qui contribuent aussi à mieux pendre soin des autres.