Dans le n° 129-juin 2021  -  Non lucratif  11932

La Fnaqpa a 30 ans

Si l'assemblée générale est maintenue en ce mois de juin, le traditionnel Geronforum est quant à lui annulé. Profitons toutefois de l'occasion pour revenir sur les 30 ans d'engagement de la Fnaqpa, avec Didier Sapy, son directeur général. Interview.

Quels sont les éléments significatifs et marquants de son histoire ?

La Fnaqpa est née de la volonté de personnes et d'associations dont l'ACPPA de créer une représentation nationale dédiée aux problématiques des personnes âgées et à leur qualité de vie en maisons de retraite. Elle a acquis au fil des ans ses lettres de noblesse qui lui ont permis dans les années 2000 d'élargir son spectre d'intervention et de s'ouvrir au domicile. Elle s'est structurée et a développé des outils qualitatifs dont le référentiel Qualipass élaboré avec le Synerpa, un centre de formation destiné aux professionnels et un bureau d'étude qui travaille autour de l'architecture comme outil d'amélioration du cadre de vie.

Les derniers virages concernent son ouverture internationale, dont l'Europe, pour nourrir ses positions, se confronter et partager des expériences ; mais aussi le développement durable et la RSE dont la Fnaqpa s'est saisie dès 2010 avec des projets pilotes. Le but est de créer du mouvement et des prises de conscience autour des enjeux susceptibles de servir la cause des établissements. Enfin nous portons depuis longtemps le concept d'approche domiciliaire, fondamental pour l'attractivité des établissements et services. Le rôle d'une fédération est de faire le lien entre des concepts nationaux et des concrétisations sur le terrain.

La crise sanitaire est-elle un vecteur d'amélioration du fonctionnement des établissements ?

La crise a révélé qu'un fonctionnement très institutionnel est un frein à la qualité de vie. L'individu est aujourd'hui noyé dans le collectif, lui-même organisé autour des fonctions de l'établissement. Or ce qui a été mis en place sous la contrainte pendant la crise (des animations par petits groupes, une restauration plus individuelle) a suscité chez les gestionnaires une réflexion plus structurelle sur la manière de travailler, invitant l'organisation à s'adapter aux individus, et non l'inverse.

On a aussi vu de vraies solidarités autour des établissements, entre eux au niveau local mais aussi entre les adhérents et la fédération.

Enfin, cette crise pourrait conduire certains à penser que la réponse est la sanitarisation. Mais elle aurait pour effet d'engendrer une plus grande institutionnalisation. Nous avons en réalité besoin de compétences supplémentaires dans les établissements, pas seulement médicales et soignantes, mais de travailleurs sociaux, de psychologues, de psychomotriciens, pour offrir une meilleure qualité de vie, et amorcer un vrai virage domiciliaire.

On parle beaucoup d'alternatives à l'Ehpad, mais la vraie question en réalité est de trouver la bonne alternative au domicile. L'Ehpad n'est pas la seule réponse mais il est un maillon efficace et pertinent de l'accompagnement des fragilités. On pourrait d'ailleurs changer sa signification. Pourquoi ne traduirait-on pas l'acronyme Ehpad par un « Ensemble d'Habitation Pour l'Autonomie et la Dignité » ? L'enjeu aujourd'hui est de lutter pour ne pas devenir un lieu d'enfermement, mais bien un lieu d'habitation dans lequel on soigne aussi les habitants.