Face aux défis sanitaires et écologiques, les établissements médico-sociaux sont invités à revoir leurs pratiques d'hygiène. Loin des protocoles exclusivement chimiques, de nouvelles solutions émergent, capables de concilier efficacité, protection de la santé et respect de l'environnement. Une transformation de fond qui replace l'hygiène au coeur d'une responsabilité sociétale assumée.
Hygiène en Ehpad : vers une approche plus écoresponsable
Hygiène des locaux : une exigence qui doit aussi respecter le vivant
En Ehpad, la maîtrise du risque infectieux est une priorité constante. Les personnes âgées étant particulièrement vulnérables, tout relâchement peut conduire à une propagation rapide de virus ou de bactéries. Pourtant, si la désinfection reste indispensable dans certaines zones, l'usage systématique de produits chimiques puissants n'est pas sans conséquence. Irritations, troubles musculo-squelettiques, pollution de l'air intérieur, rejet de substances nocives : les effets collatéraux sur les professionnels, les résidents et l'environnement sont réels. L'enjeu est donc de maintenir un haut niveau d'hygiène tout en réduisant la toxicité des pratiques. Et cela commence par une meilleure gestion des ressources, une réflexion sur les produits utilisés, et une vigilance sur leur impact.
Vers des techniques douces et performantes
Parmi les alternatives en plein essor, le bionettoyage vapeur séduit de plus en plus d'établissements. Utilisant uniquement de l'eau chauffée à haute température, cette technique permet une désinfection sans produit chimique, avec une consommation d'eau limitée et sans résidus polluants. Elle réduit aussi les risques pour les agents de propreté et améliore la qualité de l'air intérieur. Autre innovation prometteuse : la détergence probiotique. Elle repose sur des produits de nettoyage contenant des micro-organismes bénéfiques, capables de coloniser les surfaces et d'y créer une barrière protectrice contre les agents pathogènes. Ces détergents sont composés à plus de 99 % d'ingrédients d'origine naturelle et sans pictogramme de risque. Leur efficacité repose sur un usage quotidien : les bonnes bactéries, en occupant l'espace, empêchent les micro-organismes pathogènes de proliférer. Pour Quentin Jacquemont, Responsable Segment Santé et Soins chez Pollet, "les enzymes de ces bactéries bénéfiques dégradent odeurs et tâches tenaces tout en protégeant les surfaces". Selon Anthony Bonhomme, expert de la société HTS Bio, ces produits offrent une stabilité exceptionnelle (jusqu'à deux ans) et une action prolongée sur les surfaces, jusqu'à 21 jours sur les supports secs. De premiers essais en Ehpad, appuyés par un partenariat avec le CNRS, montrent une réduction significative de certaines bactéries comme Escherichia coli ou des staphylocoques.
Une démarche globale à construire collectivement
Passer à une hygiène écoresponsable ne se résume pas à remplacer un produit par un autre. Cela implique une réorganisation complète des pratiques : formation des équipes, révision des protocoles, implication de la direction, évaluation continue. L'approche doit être transversale, intégrée dans une politique qualité globale, et surtout cohérente avec les autres engagements RSE de l'établissement. C'est aussi une réponse aux attentes croissantes des usagers et des familles, de plus en plus attentifs à la manière dont les établissements prennent soin, non seulement des personnes, mais aussi de leur environnement.
Hygiène durable : une nouvelle culture du soin
Repenser l'hygiène, c'est interroger notre rapport au risque, à la santé et à la nature. C'est reconnaître que le « tout chimique » n'est ni soutenable, ni toujours plus efficace. Et qu'il est possible d'allier sécurité sanitaire et responsabilité environnementale grâce à des solutions innovantes, basées sur la science du vivant plutôt que sur sa destruction. Dans les années à venir, les établissements médico-sociaux les plus engagés dans cette transition auront un rôle de pionniers à jouer. Ils pourront démontrer qu'il est possible de garantir une hygiène irréprochable sans nuire à la santé des soignants, des résidents... ni à celle de la planète.
