Mercredi 9 juillet, le ministère de la Santé accueillait la toute première Conférence nationale de l'autonomie (CNA). Cette instance annuelle, prévue par la loi « Bien Vieillir » d'avril 2024 marque un tournant dans la stratégie de prévention de la perte d'autonomie en France.

Conférence nationale de l'autonomie : les premières fondations d'une politique ambitieuse
Dans un contexte de vieillissement accéléré de la population - un Français sur trois aura plus de 60 ans d'ici 2030, dont 2,5 millions de plus de 85 ans - cette conférence entend poser les jalons d'une politique publique structurée, pilotée et à la hauteur des enjeux. Elle s'inscrit dans la continuité des plans nationaux précédents tout en opérant un véritable changement d'échelle.
« Pendant trop longtemps, la prévention a été la variable d'ajustement de nos politiques publiques. Elle devient aujourd'hui une priorité assumée », a déclaré Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée à l'Autonomie, en ouverture de la conférence.
Le décret d'application publié le jour même, précise la composition de la CNA et institue la publication annuelle d'un rapport d'orientation. Deux figures de la gériatrie, les professeures Maria Soto Martin et Sandrine Andrieu (CHU de Toulouse), ont été nommées « personnalités qualifiées » pour encadrer les travaux à venir sur la prévention de la perte d'autonomie.
Une stratégie articulée autour de quatre priorités
1. Renforcer la prévention précoce
Première ambition : agir dès 60 ans, sur la base d'interventions scientifiquement validées. Activité physique, repérage de la fragilité, adaptation du logement... Autant de leviers à activer. L'outil ICOPE (Initiative for COgnitive and Physical health of the Elderly), mis au point par l'OMS et expérimenté en Occitanie, sera déployé à l'échelle nationale. Le ministère entend par ailleurs soutenir la montée en puissance de programmes prometteurs tels que Prenons l'âge du bon côté ou C'DIET.
2. Lutter contre les inégalités d'accès
La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a insisté sur la nécessité de rendre ces dispositifs accessibles aux publics les plus éloignés, en particulier dans les zones rurales. « Il faut faire connaître ces dispositifs à ceux qui en ont le plus besoin », a-t-elle martelé.
3. Clarifier et rationaliser les financements
Catherine Vautrin a également plaidé pour une meilleure lisibilité des aides existantes : « Il est temps de remettre à plat les multiples financements, pour les rendre plus efficaces ». Elle a notamment évoqué MaPrimeAdapt', dispositif d'aide à l'adaptation du logement encore trop méconnu malgré son succès.
4. Structurer une gouvernance territoriale
La stratégie repose enfin sur un ancrage territorial fort, avec la généralisation de 500 Centres de ressources territoriaux (CRT) d'ici 2028. Objectif : mieux coordonner les acteurs de l'autonomie au plus près des besoins locaux. « Les personnes âgées ne sont pas un centre de coûts, mais un centre d'attention et de droits », a rappelé la ministre.
Prochaine étape : une feuille de route triennale
Les travaux de la CNA se poursuivront à l'automne, avec l'élaboration d'une feuille de route triennale, destinée à être intégrée dans les prochaines lois de finances. Cette dynamique, si elle est soutenue dans la durée, pourrait bien inaugurer une nouvelle ère pour les politiques de l'autonomie en France.