VIE DE L'ÉTABLISSEMENT
Dans le n° 97-octobre 2018  - Management  10042

Comment manager ses équipes en « pleine éthique » ?

Notre secteur d'activité est en pleine mutation parce que l'humain, placé au coeur du dispositif, est tiraillé par un modèle de fonctionnement emprunt d'injonctions paradoxales, et de lutte permanente sur des choix et décisions où l'éthique peut être mise à mal. Il est aussi confronté à des modèles d'organisation et de management parfois en inadéquation avec les réels besoins des usagers (résidents et entourage) et des salariés qui composent cette organisation.

Mais alors quels sont les rôles et objectifs du Manager d'Ehpad ?

Si on me demande ce que doit être un "bon" manager en Ehpad, je réponds sans hésiter : "La personne en capacité de donner du sens, et le sens." Du sens dans les décisions prises, et dans l'affectation des rôles et places de chacun. Llorsque je parle de management, je pense à la compétence de leader pour les ressources humaines et de posture dans un premier temps mais aussi sa capacité d'organisation entre les différentes parties prenantes (résidents, familles, entourage, salariés, partenaires...). Il faut aussi savoir orienter le sens, car sans orientation claire et transparente sur les actions menées au sein d'un Ehpad et selon une finalité éthique, le flou s'installe et génère immanquablement des situations de tensions.

Mais quelle finalité dans l'action managériale en Ehpad ?

Que l'on soit acteur du public, du privé associatif ou lucratif, la finalité se doit d'être la même : L'accompagnement de personnes fragiles et vulnérables. C'est donc bien dans ces circonstances que la démarche de réflexion éthique s'invite au coeur du management.

S'assurer en effet dans la prise de décision que les enjeux éthiques ont bien été pris en compte semble un incontournable dans notre activité. La réflexion éthique ne pouvant être monodisciplinaire, il s'agit donc d'une prise de décision après concertation et en responsabilité. Afin de rendre l'action managériale adaptée dans un système complexe, il est important de poser des piliers, qui servent de repères intangibles dans l'action du manager d'Ehpad. Il lui est également essentiel de classer le degré d'importance et de priorité qu'il doit donner à ces repères :

Numéro 1: Bienveillance, Bientraitance et Écoute à destinations des usagers

Numéro 2: Bien être et qualité de vie au travail et écoute pour les collaborateurs

Numéro 3: Enjeux économiques et financiers

Si ces principes peuvent paraître assez démagogiques voire simplistes, l'expérience prouve qu'il est difficile pour une direction d'Ehpad, soumise à un champ de contraintes et de pressions permanentes, de maintenir ces repères au quotidien.

Au final, peu importe le type d'entreprise, association ou établissement public pour lequel on oeuvre, l'important est de respecter le triptyque, auquel on peut associer une dose de sciences humaines et de sciences de gestion. Le changement de paradigme impose dès lors un éveil des consciences sur les véritables enjeux dans le management des Ehpad ainsi que sur la posture et la responsabilité à endosser lorsque le futur directeur appose sa signature sur son contrat de travail.

Johan Girard

Directeur général adjoint en charge de la Filière Autonomie et la Qualité globale des prestations - Groupe Doctegestio

Enseigne le management des ressources humaines et l'organisation du travail au sein du Master 2 "Management des établissements de Santé" INSEEC Paris

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