Chez les femmes âgées atteintes d'un cancer du sein hormonosensible, la question de l'intérêt de la chimiothérapie adjuvante reste controversée. Une étude baptisée Aster 70s, promue par le réseau des centres de lutte contre le cancer Unicancer et l'Institut Curie, démontre que l'ajout d'une chimiothérapie à l'hormonothérapie n'apporte pas de bénéfice significatif de survie chez les femmes de 70 ans et plus atteintes d'un cancer du sein hormonosensible à haut risque génomique. Ses résultats, publiés dans la revue The Lancet, « constituent une avancée majeure vers une prise en charge plus personnalisée, adaptée à l'âge et à la fragilité des patientes », commentent Unicancer et l'Institut Curie dans un communiqué du 1er août. L'étude menée auprès de 1 089 patientes âgées de 70 ans et plus a comparé deux groupes : l'un ayant reçu une chimiothérapie suivie d'une hormonothérapie, et l'autre ayant reçu une hormonothérapie seule. Après un suivi médian de 7,8 ans, les résultats montrent que l'ajout de la chimiothérapie n'a pas d'efficacité en termes de survie globale. En revanche, sur le plan de la tolérance, la chimiothérapie s'est révélée nettement plus toxique, avec une détérioration plus marquée de la qualité de vie des femmes, notamment en lien avec la fatigue, les douleurs, les troubles digestifs et une baisse de l'autonomie.

Pour le Pr Etienne Brain, oncologue médical à l'Institut Curie, investigateur principal de l'étude, « ils incitent à réviser la manière dont les standards établis chez les sujets plus jeunes sont ensuite appliqués chez les sujets plus âgés sans niveau de preuve élevé ou avec peu de garde-fous ».

Le communiqué conclut que l'étude amène « à privilégier une stratégie de désescalade thérapeutique raisonnée chez ces patientes âgées, en réservant la chimiothérapie adjuvante à des cas spécifiques ».