Dans le n° 95-juillet 2018  - Témoignages  9972

A quand une vraie reconnaissance des RSS ?

N°1 des résidences services seniors, le groupe Aegide Domitys s'est imposé par la qualité des services proposés, un investissement massif et des actions de formation visant à hisser la profession vers le haut. Pourtant la reconnaissance étatique se fait toujours attendre. Entretien avec Frédéric Walther, Directeur général.

Comment expliquez-vous que les résidences services seniors ne fassent pas partie de la feuille de route d'Agnès Buzyn ?

F. Walther : Cette feuille de route représente un grand pas pour le secteur. Agnès Buzyn y évoque les habitats alternatifs. C'est une bonne chose, d'autant que de toutes façons, il n'y a pas de places pour tout le monde dans les résidences services. Aujourd'hui l'offre est très faible en France. Nous couvrons moins de 1% de la population des plus de 75 ans. Les formes d'habitats alternatifs cités restent anecdotiques. Or en face, il y a une profession qui s'est organisée, qui a travaillé sur le logement adapté, le lien social, l'animation, qui assure le confort, la sécurité, a une capacité d'être présent sur l'ensemble du territoire, et n'est pas citée dans la feuille de route. C'est un peu curieux et a de quoi nous surprendre.

Comment expliquez-vous ce phénomène ?

F. Walther : Je vois deux explications. D'une part, il y a un manque d'information et le cabinet de Mme Buzyn n'a pas bien compris où en était ce métier aujourd'hui. Je lance d'ailleurs un appel pour les rencontrer. La 2ème explication reste que le gouvernement estime peut-être que nous pouvons nous débrouiller seuls. Comme nous ne recevons pas de financements publics et que nous n'en demandons pas, ils considèrent sûrement qu'on se développe très bien tous seuls. Pourtant, même sans aide publique, nous avons besoin de nous faire connaître, d'être en cohérence avec le tissu local, de dialoguer en permanence avec les saad, d'expliquer aux conseils départementaux ce que nous faisons. C'est donc très important que cette profession figure et participe à cette feuille de route.

Ne vous a-t-elle pas inclus dans le volet domicile ?

FW : Peut-être, je suis d'accord, mais dans ce cas-là, nous avons aussi des demandes à formuler. Je comprends qu'il soit difficile de nous intégrer dans la loi Elan car il y a beaucoup de sujets immobiliers liés au logement, à l'urbanisme. Pourtant ce que j'explique aux parlementaires, et qu'ils comprennent très bien, c'est qu'ils pourraient nous faciliter la vie en définissant mieux ce qu'est la résidence seniors, en nous distinguant un peu des autres formes de domicile car nous accueillons des personnes âgées. Il faut qu'il y ait des spécificités, sur des réglementations par exemple. Un local vélo de 150 m2 dans une résidence seniors n'a aucun sens. Il y a aussi des règles à préciser en matière d'incendie... Nous pourrions enfin être présents dans les annuaires publiques, comme le portail de la CNSA. Cela permettrait d'informer les usagers, et ce même si nous ne sommes pas dans le domaine du médico-social. Il faut nous donner une existence officielle à travers des supports qui viennent des pouvoirs publics et du gouvernement. Aujourd'hui, nous lançons un appel pour comprendre.

Les Résidences Services Villa Médicis, un groupe à taille humaine

Avec 10 résidences services en France, dont quatre nouvelles en 2018, le groupe familial Résidences services Villa Médicis creuse son sillon dans un secteur convoité.

Créé en 1991 par un entrepreneur bourguignon, Hubert Rouy, pour offrir à sa mère âgée une meilleure qualité de vie, le groupe Villa Médicis fait le choix du service. Pour Xavier Rouy, qui a repris les rênes de l'entreprise, « il est essentiel de conserver une vision humaine de nos métiers ». Une philosophie qui guide les choix de l'entreprise. « Nos résidents sont locataires, de manière à simplifier la vie des familles et éviter les dérives ou situations inextricables générées par les RSS de 1ère génération », explique Xavier Rouy. « La copropriété est souvent un frein à l'adaptation des standards de qualité ou l'évolution des services. Il nous faut garder cette liberté, pour continuer d'aller de l'avant. »

Cette logique, Xavier Rouy l'applique à l'ensemble de l'activité. C'est ainsi que le personnel, trié sur le volet, est embauché en CDI. « Il est essentiel que les salariés adhèrent au projet des établissements, souhaitent créer du lien avec les résidents et s'investir. Rien n'est sous traité à l'extérieur, les repas sont servis à l'assiette, et les brigades recrutées dans des restaurants étoilés ». Ni maison de retraite, ni domicile isolé, les résidences services restent pourtant méconnues. « Il y a encore beaucoup de pédagogie à faire. Depuis le début de l'année, pas moins de 6 personnes ont quitté l'EHPAD dans lequel elles résidaient pour rejoindre nos résidences services. Preuve s'il en faut qu'il est urgent d'améliorer les réseaux d'information. Nous avons un rôle à jouer et un service spécifique à offrir, pour des seniors soucieux de préserver leur indépendance et de profiter d'une vie sociale riche. »

Logéa, une alternative adaptée aux personnes plus modestes

Avec trois résidence services, dont deux en construction, trois résidences autonomie (et une nouvelle en projet), l'association Logéa entend cibler une population différente de celle de ses concurrents. Sa proposition correspondant davantage aux capacités financières des seniors du territoire.

« Je compare un peu les résidences services seniors aux résidences autonomie : des logements et un foyer logement, avec une salle d'animation, des espaces collectifs, une salle de restaurant, une cuisine, un accompagnement non médicalisé et surtout un même public : des personnes âgées, s'amuse Erik Dermit, directeur général de Logéa . Bien sûr, les modèles économiques diffèrent. La résidence autonomie nécessite une autorisation d'exploitation du Département, la résidence services est un concept privé, inscrit dans la loi de 2015. Mais c'est un mode d'accompagnement assez proche de la résidence autonomie. Après, ce n'est qu'une question de loyer, et peut-être de TVA sur les structures puisque la résidence autonomie relève d'une TVA à 5,5%. Beaucoup de résidences autonomie fonctionnent avec un loyer appelé par un bailleur social.

C'est à mon avis une erreur de penser qu'on n'en construit plus ou qu'elles vont disparaître. Pour preuve, nous venons de répondre à un appel à projet pour une résidence autonomie de 60 places dans les Landes. La demande reste donc prégnante.