Dans le n° 18-mars 2012  625

Shiatsu : des pressions contre la pression

A la Résidence Catherine Labouré (Paris), le Shiatsu apporte détente et bien-être aux résidents. Ici, la démarche s'appuie sur une évaluation précise. Les résultats sont convaincants !

Réduire le stress et les tensions, apporter une détente physique et psychique, stimuler et renforcer le système d'autodéfense de l'organisme,... le Shiatsu, discipline énergétique de détente, offre de nombreux bienfaits. Alors pourquoi ne pas proposer ces pressions et étirements aux résidents ? La résidence Catherine Labouré (Paris -12è - Association Monsieur Vincent) est passée à l'acte. Sous le regard enthousiaste du directeur Sylvain Baruel, Dominique Lembeye, médecin-coordonnateur, et Sylvaine Bertrand, praticienne de Shiatsu, mènent une expérimentation intéressante.

Depuis juin 2011, la praticienne est présente chaque mercredi dans l'établissement. La recherche du bien-être est à la base du projet. Pour le médecin-coordonnateur, la démarche devait être rigoureuse. " Pour analyser les effets, explique-t-elle, nous avons adopté les règles de la démarche médicale : nous avons construit trois groupes de six résidents, avons défini un planning d'une séance par résident et par semaine et bâti une grille impliquant l'évaluation par un environnement large : soignants, agents hôteliers, personnel de cuisine, médecins-traitants, familles. "

Ces trois groupes concernent les trois catégories de dépendances : dépendance cognitive (maladie d'Alzheimer et apparentées), dépendance physique (toutes les personnes en fauteuil-roulant : maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer non déambulant, AVC,...), dépendance psychique (pathologies psychiatriques). La grille analyse cinq domaines : physique, spatial, psychique, relationnel, global, comprenant au total 16 items (voir tableau). Côté budget, le coût s'élève à moins de 300 euros la journée pour six personnes vues chaque semaine. Dans cet établissement parisien où le prix de journée n'est que de 58 euros, cette dépense, prise sur le budget Hébergement, peut surprendre. " Nous bénéficions d'un loyer faible et l'établissement est totalement habilité Aide Sociale, confie Sylvain Baruel. Nous conjuguons un prix de journée bas et des prestations innovantes."

Consommation d'anxiolytiques divisée par deux !

Pour réaliser les séances, la praticienne a du s'adapter : séances plus courtes (d'un minimum de 20 minutes), travail sur des personnes assises et souvent en fauteuil roulant plutôt qu'allongées,... Toutefois, en ce mois de février, les résultats du groupe 1 confortent l'équipe dans ses convictions : diminution de l'anxiété, baisse des troubles comportementaux, gain d'autonomie, satisfaction des soignants et familles,... " Avant le Shiatsu, illustre Dominique Lembeye, une des résidentes ne pouvait pas rester tranquillement assise pour manger. Aujourd'hui elle le peut ! " " Lors de la première séance, enchaîne la praticienne de Shiatsu, une dame totalement aphasique a parlé. " C'est drôle, m'a-t-elle dit. C'est comme si je retrouvais quelque chose que j'avais perdu mais je ne sais pas quoi. " Depuis, la consommation d'anxiolytiques de cette résidente a été divisée par deux. Sylvaine Bertrand pense que l'évaluation doit être réalisée à partir de la 9è séance : " En effet, les bienfaits s'installent vers la 6è séance et se confirment au fil du temps. De plus, au bout de trois mois, les équipes ont oublié l'état initial de la personne. "

Le directeur se souvient d'une séance improvisée dans le hall d'entrée, pour une résidente désorientée était très agitée. " Grâce à dix minutes de pressions sur le crâne, elle a retrouvé la sérénité ! , raconte-t-il. Au soulagement de la personne de l'accueil... " Mieux, alors que les séances des personnes désorientées sont terminées depuis quatre mois, les bénéfices du Shiatsu perdurent. " L'apaisement ne doit pas conduire à un repli sur soi, alerte Dominique Lembeye. Il faut chercher à permettre l'expression verbale et non verbale. " Des séances d'entretien sont donc à prévoir. " Bien que vivant en milieu protégé, les résidents subissent des influences extérieures, renchérit la praticienne. L'agitation des autres résidents, le stress d'un soignant, la météo,... perturbent les énergies. "

Sylvain Baruel veille au grain. " Je vais proposer des séances de Shiatsu aux équipes ", annonce-t-il. Le médecin-coordonnateur va plus loin : " Et à certains enfants de résidents dont la souffrance rejaillit sur la personne âgée et les équipes. " Une idée que les familles pourront envisager... sans pression aucune.

Le Shiatsu

Origine : le Shiatsu est une discipline énergétique orientale. Elle a pour objectif le maintien de la santé et la prévention. Elle s'inscrit donc dans le domaine du soin.

Technique :

En japonais, Shiatsu signifie littéralement " pression des doigts ". Le praticien effectue des étirements et des pressions sur l'ensemble du corps qui favorisent une meilleure circulation de l'énergie.

Pour qui ?

Toute personne désireuse de maintenir ou de développer un niveau de bien-être physique, psychique et émotionnel, ou souffrant de stress, de troubles nerveux, du sommeil, de digestion, d'articulation, de migraines, et d'autres douleurs... Le Shiatsu intervient en complément des traitements des maladies et anomalies dont le diagnostic est du strict ressort du médecin.

Sur le plan pratique :

Une séance classique dure environ une heure. La personne, habillée, est allongée sur un matelas posé au sol.

Le praticien de Shiatsu :

Il peut être affilié à la Fédération Française de Shiatsu FFST, avec une formation théorique et pratique d'une durée minimale de 500 heures réparties sur trois années minimum (pour les écoles agréées par la FFST).

Résidence Catherine Labouré

La résidence appartient à l'Association Monsieur Vincent.

Cette association a été créée en 1994 par la Compagnie des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul et l'Association de l'Hôpital Saint Michel-Saint Vincent (Paris 15e).

Directeur de la Résidence : Sylvain Baruel

96 résidents

GMP : 635 - Pathos 208

100% habilité à l'aide sociale

Prix de journée : 58 euros