Le mouvement qui se prépare à l'heure où nous bouclons ces lignes est un mouvement unique, sans précédent. Jamais dans l'histoire du secteur une telle mobilisation n'avait eu lieu : le grand âge manifestant devant le ministère de la Santé !

L'état de tension est à son comble. Si on peut se réjouir d'une sensibilisation du grand public et de l'ouverture d'un débat de fond sur la prise en charge des âgés, le tableau cataclysmique dépeint depuis plusieurs jours dans les médias et auquel personne ne peut échapper ne restera pas sans conséquences.

Bien sûr la colère des soignants se justifie. Des résidents de plus en plus âgés et de plus en plus dépendants, un turn-over et un épuisement massif des professionnels, une réforme tarifaire qui inquiète... Autant de problématiques qui remettent en cause le bon fonctionnement des établissements. Et les dernières mesures annoncées ne rassurent pas.

Pourtant l'État ne fera pas de miracles. Les besoins augmentent plus vite que les moyens allouables. Et même si certains affirment que « l'État ne comprend rien aux enjeux des EHPAD », le gouvernement a largement prouvé cette année sa volonté de considérer la situation (mission flash, nomination d'un médiateur pour examiner la situation des 3% d'EHPAD « perdants », intégration pérenne d'un budget spécifique prévention dans le prochain PLFSS...).

On comprend le coup de gueule légitime des professionnels, inquiets du manque de moyens et du traitement alloué aux âgés, mais quelles seront les conséquences dans l'opinion publique de ces dénonciations tout azimut ? Comment les EHPAD tiendront-ils la rampe face à des familles culpabilisées et inquiètes du sort réservé à leurs parents ?

Espérons que ces manifestations permettront d'ouvrir un dialogue constructif.