Dans le n° 85-octobre 2017  - Formation continue  7547

Top et flop, qualité et performance

Le système est jugé à bout de souffle. Pourtant les réformes ne manquent pas. Alors que la dernière ne date que de 2015, une nouvelle vague est déjà annoncée « pour le printemps 2018 ».

Elle était promise par le candidat Macron. Son calendrier a été précisé par Édouard Philippe le 4 juillet dernier dans son discours de politique générale. La réforme de la formation professionnelle est en marche. Des négociations vont ainsi s'ouvrir en octobre avec les organisations professionnelles pour « renforcer efficacement les dispositifs de formation professionnelle, à travers un plan massif d'investissement pour les demandeurs d'emploi, les jeunes et les salariés dont les métiers sont appelés à évoluer rapidement. »

Un dispositif trop onéreux

Le dispositif est encore jugé trop coûteux, bien qu'il ait déjà été revu et remodelé trois fois en moins de cinq ans. Pourtant sur le papier, les salariés étaient promis à un bel avenir. Devant eux, l'autonomie et la responsabilisation, dotés d'outils pour gérer eux-mêmes leur carrière. C'est ainsi que sont nés le conseil en évolution professionnelle, le compte personnel de formation (CPF) lui-même intégré dans le compte personnel d'activité (CPA) et la validation des acquis par l'expérience (VAE).

Si le principe n'est pas décrié, la Cour des comptes a pointé dans son rapport annuel de 2017 les « défaillances du système et le potentiel risque de fraudes, lié à la multiplicité des prestataires et au manque de contrôle ».

Un système sous surveillance

Aujourd'hui l'État, les régions et les partenaires sociaux, à travers les organismes paritaires collecteurs agréés, se partagent un gros gâteau. La formation continue représente plus de 30 milliards d'euros. D'où la nécessité d'évaluer les organismes formateurs. C'est ainsi que depuis le décret publié le 30 juin 2015, précisant que les financeurs doivent garantir une qualité de formation, les organismes de formation sont soumis à rude épreuve. Chacun doit répondre à une vingtaine d'indicateurs qualité, preuves à l'appui. Seul un sur cinq semble pour l'heure tirer son épingle du jeu.

Même si au-delà du contenu des formations, ce sont plus les moyens déployés qui sont évalués. Reste à savoir si le projet Macron osera aller plus loin en imposant notamment un contrôle in situ auprès des stagiaires.

Des établissements mobilisés

Les établissements savent que c'est maintenant à eux d'inventer des parcours et d'accompagner leurs salariés dans leur carrière et leur employabilité. Le point avec trois groupes de taille et de statuts variables.

Sophie Di Rosa, Directrice des opérations - Groupe Kerdonis

Le groupe Kerdonis est un groupe privé commercial qui compte aujourd'hui 7 établissements.

Notre programme de formation propose à la fois des axes « groupe » et des réponses aux besoins spécifiques de chaque établissement. Durant plusieurs années, nous avons proposé la formation Humanitude, composée d'une formation initiale et de rappels réguliers pour faire vivre la pratique. Si des actions concrètes comme la toilette évaluative ont été bien portées par les infirmières cadres, aujourd'hui nous souhaitons nous ouvrir à d'autres philosophies.

En 2017, nous avons mis en place un nouveau logiciel de soins « Netsoins », qui a monopolisé une partie importante de nos budgets de formation. Mais son application et son intérêt pour les équipes sont aisément mesurables.

En 2018, nous avons choisi de travailler autour du projet personnalisé. Il faut lui redonner du sens et mieux utiliser les outils existants. Nous voulons créer des passerelles entre les intentions qui relèvent de la philosophie et l'action concrète. Le module que nous sommes en train de bâtir devrait être déployé au second semestre dans nos sept établissements.

Evaluer l'impact des formations représente pour nous un enjeu important. Si certains indicateurs sont faciles à déterminer, d'autres formations ont des effets plus difficiles à mesurer. Mais nous essayons toujours d'être novateur. C'est ainsi que nous avons équipé toutes les chambres et salles de bain de l'un de nos sites d'un sol connecté à détection de chutes, et installé des rails de transfert aux plafonds dans nos sept établissements. Des innovations auxquels il faut former les usagers mais dont nous mesurons déjà les bénéfices en termes de fatigue des salariés.

Evelyne Piermarini, Directrice des Ressources Humaines - Les Cités Cantaliennes de l'Automne

Les Cités Cantaliennes de l'Automne est un groupe associatif de 12 établissements.

Je suis convaincue que la formation est un enjeu de management. Même si la réalité, imposée par les budgets contraints, ne nous permet pas d'être toujours aussi créatif que nous le souhaiterions, la formation doit s'inscrire dans une démarche de fond.

Une récente évaluation interne a mis en exergue le fait que la formation ne donne aujourd'hui satisfaction à personne, ni aux cadres dirigeants, ni aux salariés de notre groupe. Car elle ne répond pas aux besoins et n'est surtout pas évaluée. Nous nous sommes donnés deux ans pour restructurer notre offre. Cela commence par la redéfinition de nos fondamentaux. Nous avons ainsi réécrit notre projet associatif car comme le dit Alain Meignant dans son ouvrage « Manager la formation », « La formation est la solution, mais quelle est la question ? ». Nous devons déterminer des objectifs à atteindre et évaluer les effets obtenus. La réflexion va aujourd'hui porter sur la définition de notre qualité de service. Quelle est notre approche de la prise en charge ? Quels sont nos choix politiques ? Comment diversifier l'accueil et nous ouvrir vers de nouveaux publics (les personnes handicapées vieillissantes ou les personnes souffrant de pathologies psychiatriques stabilisées) ? En 2018, nous allons insister sur les formations délivrées aux personnels les moins qualifiés. Mais nous allons surtout nous concentrer sur la construction du projet 2019, pour des actions concertées et efficaces.

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