Dans le n° 17-février 2012  -  Résidence retraite Château de Chaillé (79)  602

Plongeon dans le grand âge

Faire expérimenter aux équipes les troubles visuels, auditifs et moteurs du grand âge, favorise l'évolution des comportements. A la résidence retraite Château de Chaillé (Deux-Sèvres), les 64 salariés et le directeur ont joué le jeu avec le Simulateur de vieillesse®.

Ce matin de décembre, Brigitte, aide médico-psychologique de la Résidence Château de Chaillé (entre Niort et Poitiers), peine à monter les escaliers. Elle rencontre aussi des difficultés à tenir un verre et ne voit pas quand on lui tend la main. Qu'on se rassure, elle ne montre pas de signes de vieillissement précoce. Elle suit une formation sur les troubles du vieillissement. Alors que l'année européenne du vieillissement et de la solidarité intergénérationnelle 2012 (commission européenne Emploi, Affaires sociales et insertion) vient de démarrer, le Château de Chaillé a d'ores et déjà quelques longueurs d'avance.

Revenons aux sources, à savoir la conviction de Xavier Fontaine, directeur de cet EHPAD du groupe DVD : pour être " bien traitant " avec une personne âgée atteinte de troubles visuels, auditifs, moteurs, il faut avoir éprouvé ces troubles. Le directeur s'intéresse donc au Simulateur de vieillesse® et à la formation associée. Développé par l'Ipad (Institut Prévention Accidents Domestiques), le Simulateur de vieillesse ® permet à chacun de comprendre les effets du vieillissement. " Grâce à trois ateliers respectivement dédiés à la vue, l'ouïe et la motricité, les participants vivent pendant une demi-journée le quotidien d'une personne âgée, explique le directeur. Ensuite les comportements s'adaptent naturellement. "

Pendant quatre jours, c'est donc une plongée dans le grand âge. Par groupe de huit, les 64 personnes intervenant dans l'établissement se succèdent dans la salle de formation pour trois heures d'ateliers ludo-pédagogiques. Tout le monde participe, les équipes soignantes, les salariés en CDD, le cuisinier, la secrétaire, le jardinier...

La formation combine présentation théorique des pathologies et déficiences, et exercices pratiques. Dans l'atelier de la vue, les participants découvrent la diminution de la vision : la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge), maladie dégénérative de la rétine et première cause de malvoyance après 50 ans, le glaucome, la cataracte. Ils s'équipent de lunettes simulant les troubles. Ainsi, pour tester la DMLA, le centre des verres est obstrué, le porteur ne voit plus que sur les côtés. Pour le glaucome, c'est l'inverse : la vision n'est effective qu'au centre, le porteur ne voit donc pas sur les côtés.

Redonner de l'autonomie

Dans l'atelier de l'audition, les participants expérimentent la perte auditive. Comment ? Pas par un jeu où l'un porterait un casque et où l'autre parlerait fort. En effet, le sujet est plus complexe : le handicap vient de l'atténuation ou de la disparition de certaines fréquences. L'animateur fait donc entendre les conversations et les bruits familiers avec différentes simulations de perte auditive : certaines consonnes disparaissent et leur absence modifie ou rend incompréhensible le sens de la phrase.

Dans l'atelier des articulations, les participants équipent d'orthèses leurs genoux, coudes, poignets et rachis cervical afin de brider les mobilités articulaires. Là encore, l'outil est bien pensé : il ne s'agit pas de poids ou de ressorts qui ralentiraient le mouvement sans entamer la flexion. Avec les orthèses, les articulations prennent 20 ans d'âge en quelques minutes. Ainsi équipé, chacun tente d'effectuer certaines tâches de la vie quotidienne : monter les escaliers, monter sur un lit, chercher de la monnaie, jouer aux cartes... Pas simple.

Après la formation, les résultats sont convaincants. La prise de conscience a eu lieu et les salariés modifient leurs comportements : ils ralentissement le mouvement, mettent l'assiette en face du résident,... autant de petits gestes qui contribuent à redonner de l'autonomie aux personnes âgées et à leur apporter de la qualité de vie.

A ceux que budget et planning d'une formation pour tout le personnel en quatre jours effraierait, le directeur répond sans ambages. " Le budget de la seule formation approche 4 000 euros et ce sans compter les salaires... C'est un investissement !, reconnaît-il. Les élus, les représentants du personnel et le siège ont bien sûr validé en amont." Reste la question de l'organisation et là, la clé du succès réside dans la motivation. " C'est à l'organisation de s'adapter à l'objectif, pas le contraire !, conclut Xavier Fontaine. Certains salariés étaient en repos, ils sont revenus. Une soignante a retardé ses vacances, une autre a décalé une formation extérieure et nous avons fait des contrats spécifiques pour les salariés en CDD. " Le jeu en valait la chandelle.

" Maintenant je prends plus de temps... "

La formation a changé le regard de Brigitte, aide médico-psychologique de la résidence retraite Château de Chaillé.

Nous avons tous trouvé la formation très intéressante. Cela nous a permis de ressentir les difficultés quotidiennes des résidents. Nous avons appris par exemple que les personnes atteintes de troubles auditifs entendent mieux quand on parle plus doucement. Elles distinguent mieux les mots et les consonnes ne sont pas déformées. Moi qui ai une voix qui porte, j'en tiens compte désormais : je parle moins fort.

Grâce à l'atelier sur la motricité, je comprends mieux pourquoi une personne âgée ne peut pas aller vite. Je ne me rendais pas bien compte de ce qu'elle vivait. Maintenant je prends plus de temps.

Parfois on pense que les objets sont trop lourds. J'ai compris que le problème n'est pas le poids mais la perte de mobilité ou la déficience visuelle. Se servir un verre demande des efforts intenses quand on a de l'arthrose. Et si on est atteint de DMLA, on ne voit que sur les côtés. Ainsi on ne peut pas voir sa fourchette quand on l'approche de sa bouche. Comment demander à quelqu'un de manger proprement dans ces conditions ?

Repères

- Résidence Château de Chaillé, Saint-Martin lès Melle (Deux-Sèvres)

- EHPAD du Groupe DVD

- Directeur : Xavier Fontaine

- 111 résidents

- Unité protégée : 40 résidents

- GMP : 785

- PMP : 177


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