Dans le n° 137-mars 2022  -  PARTIE I  12669

Pas de société de la longévité sans priorité à la prévention

Dans le pays des réfractaires au vaccin, 90 % des Français adultes se sont, de plus ou moins bonne grâce, laissés convaincre de sa nécessité. La France serait-elle devenue un paradis pour la prévention ? Pas encore...

appelons que seulement 3 % des budgets de santé lui sont alloués. Tout aussi problématique, nombre d'actions en faveur de la prévention sont peu attentives à la diversité des motivations et des freins sociaux ou culturels. Les études montrent ainsi le lien entre niveau de diplôme et consommation de tabac[1]. Les messages de prévention qui ponctuent de plus en plus les annonces publicitaires ou qui sont diffusées sur les médias peuvent avoir un certain effet. 52 % des Français les trouvent très utiles[2]. Ils contribuent, au moins, à créer une forme d'attention du public pour ces sujets et, si l'on reprend l'approche transthéorique des cinq étapes du changement des comportements[3], ces messages de prévention contribuent à préparer la phase 2, dite de contemplation, où les individus prennent conscience d'une situation à changer. Prise de conscience qui n'implique pas pour autant de se projeter puis d'agir concrètement...

Des Français favorables à la prévention

Au-delà de la vaccination, la pandémie de la Covid a contribué à rendre palpable notre fragilité individuelle et collective. Une prise de conscience qui semble se traduire par un rapport nouveau à la prévention. En effet, selon l'étude d'Elabe, 97 % des Français trouvent utile (dont 63 % très utile) d'agir sur leurs comportements (tabac, alcool...). De même, 97 % des Français estiment nécessaire d'avoir une alimentation plus saine. Ou encore, 96 % des Français jugent utile (dont 51 % très utile) de pratiquer un sport ou une activité physique. Si les plus âgés sont encore plus convaincus, notons que les moins de 25 ans se déclarent aussi sensibles à ces pratiques de prévention. Certes, le déclaratif ne doit pas se confondre avec le réel : 99 % des moins de 25 ans déclarent utile (et 58 % très utile) de pratiquer un sport, mais en 25 ans, les jeunes ont diminué de 25 % leur activité physique...

Vers une démarche collective

Ces évolutions individuelles, pour une sorte d'écologie personnelle, nécessiteront d'être renforcées par une politique d'accompagnement adaptée aux personnes. Sinon, la prise de conscience a peu de chance de se traduire en action concrète et de long terme. Il s'agit d'inventer une société de la prévention et du care. Cela devrait être un enjeu majeur de transformation pour les années à venir afin de répondre à l'allongement de l'espérance de vie, au vieillissement de la population, à l'augmentation du nombre de malades chroniques et à l'implication croissante des aidants de proches.

Développer un projet politique de soutien au long cours à la prévention, à l'attention aux métiers du soin et à l'accompagnement des personnes fragiles est un sujet de débats pour les présidentielles. L'émergence accélérée de la société de la longévité impose de penser le bien-vieillir comme une démarche positive et émancipatrice et non comme un arsenal de normes imposées. Cela passe par un meilleur accès aux soins comme par un suivi préventif et adapté des personnes

La société française est-elle consciente de cette réalité ? À suivre...

@Guerin_Serge

Professeur à l'INSEEC GE. Derniers ouvrages, « Au service de la vie. Les métiers du service à la personne », Fauves 2021, et « Les Quincados », Calmann-Lévy, 2019.


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