En matière d'hygiène du linge, la référence à la pratique hospitalière est souvent de mise et ce bien qu'elle soit très éloignée des besoins de bon nombre de services gériatriques. Il n'en reste pas moins que de bonnes pratiques de traitement et de circuit hygiénique doivent être mises en oeuvre par tous les établissements.

Un cadre réglementaire stable

Le cadre réglementaire européen et français n'a pas beaucoup évolué depuis plusieurs années. Les principales évolutions semblent surtout concerner le service et la facturation.

Si la norme EN 14065 « Textiles traités en Blanchisserie - Système de maîtrise de la biocontamination » publiée en mai 2003 n'est pas d'application obligatoire, la méthode R.A.B.C. (Risk Analysis & Biocontamination Control qu'il faut traduire par Analyse des Risques pour la Maîtrise de la Biocontamination) quant à elle reste un excellent moyen d'analyser les risques microbiologiques. Cette méthode RABC permet d'adapter les mesures aux spécificités et contraintes des établissements, comme la création de machine à laver « barrière » et d'une réelle séparation physique entre zone sale et zone propre.

Au-delà de la norme, les annexes « Référentiel de Bonnes Pratiques G07.223 » publiées en novembre 2004 par l'AFNOR et complétées par le « Guide d'Application G07.224 » de décembre 2004, apportent des précisions utiles quant aux orientations à choisir et aux solutions pratiques. Il s'agit notamment de la création d' une séparation physique dans le temps (avec une procédure de nettoyage-désinfection des surfaces contaminées) quand elle ne peut pas être réalisée dans l'espace de la Blanchisserie. C ertains parlent ici de zone « grise » pour cette zone de cohabitation entre le sale et le propre pour laquelle des procédures strictes seront établies.

Certification, évaluation externe ou normalisation de service ?

L'arrêté du 17 avril 2013 reconnaît une correspondance partielle entre le référentiel de certification de services, constitué de la norme NF X50-058 (Cadre éthique & engagement de services) et des règles de certification NF 386 pour les établissements d'hébergement pour personnes âgées (EHPA) de l'AFNOR CERTIFICATION, et le cahier des charges pour la réalisation des évaluations externes inscrit dans le code de l'action sociale et des familles. Ces normes ne délivrent pas de recettes directement applicables mais des grandes lignes d'actions pour formaliser un système de gestion de la qualité de service. Les responsables d'établissement se sentent souvent démunis car la norme n'indique pas de solutions pratiques.

Les établissements qui choisissent la norme NF X50-058 doivent définir eux-mêmes les règles à appliquer et mobiliser tous les intervenants dans le circuit hygiénique du linge (et pas seulement les personnels de Blanchisserie). Les établissements ayant choisi d'externaliser la prestation doivent quant à eux sensibiliser leur prestataire pour assurer la réalisation des objectifs qualitatifs qu'ils se seront imposés. 

Pour satisfaire ces objectifs, la sensibilisation et la formation des différents acteurs est indispensable, et suppose de se doter d'un outil d'évaluation des performances afin d'intégrer dans la démarche Qualité (certifiée ou pas) des actions correctives ou d'amélioration continue.

Le cas de l'aquanettoyage est intéressant. Les établissements qui optent pour des traitements à l'eau (voir encadré Aquanettoyage), le font généralement pour laver plus facilement certains articles délicats. Ils ne doivent cependant pas perdre de vue leurs objectifs Hygiène et définir des procédures d'application adaptées.

Le tri, une étape préliminaire essentielle

Un tri correct du linge sale (potentiellement contaminé) est toujours nécessaire pour garantir une bonne prise en charge et un traitement adapté des textiles. Le marquage est aussi indispensable pour rendre le bon article à son propriétaire, tout le monde s'accorde là-dessus. L'identification de l'article permet d'éviter les accidents de traitement, de détachage, de blanchiment, de séchage ou de finition (voir encadré étiquetage COFREET).

Pour les draps, le linge des résidents et les tenues de travail en contact avec un risque contagieux un circuit spécifique de collecte dans des sacs particuliers (hydrosolubles ou pas) favorise la décontamination du linge souillé. Les procédures « Linge contagieux » quand elles existent, ne sont pas toujours appliquées à bon escient. Elles devraient être mises en oeuvre sur « prescription et suivi médical » par exemple. Le matelas qui reste dans la chambre en isolement doit faire l'objet d'une décontamination particulière, s'il n'est pas revêtu d'une housse protectrice, ce qui est aujourd'hui rare.

Dans le circuit de collecte, de transport du linge sale en blanchisserie jusqu'au chargement des machines, le risque de contamination des matériels, des locaux et des personnels doit être pris en compte par l'utilisation de gants de protection microbiologique notamment (EN 374-2 - Protection contre les micro-organismes dangereux - Résistance à la pénétration ou EN 455 - Pr otection des personnels médicaux). Dans le circuit du propre, le linge sera, quant à lui, protégé de toute source de recontamination.

Dans tous les cas, l'analyse des risques devra être effectuée pour définir les procédures de maîtrise des infections et empêcher leur propagation, à court, moyen et long termes.

Encadré 2

Choix des articles textiles

Ne prendre en compte que des articles présentant un marquage d'entretien COFREET ® constitue une 1 ère garantie pour éviter les erreurs. Les articles à marquage P ou F demandent un travail de lavage et de finition délicat réservé à un personnel expérimenté disposant de matériels spécifiques de nettoyage à sec. Les articles étiquetés W sont traités en nettoyage à l'eau. Ils seront triés à part. Pour décrypter correctement les symboles, il convient de connaitre leur signification. Les explications des symboles peuvent être consultées sur le site www.cofreet.com et sont détaillées dans les formations Blanchisserie.

Patrick Gonguet et Juliette Viatte

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