Dans le n° 124-janvier 2021  -  Prendre soin  11500

Faire de la gestion du stress une priorité managériale

Le stress est aujourd'hui encore omniprésent. Si la pandémie a particulièrement impacté les équipes soignantes, comprendre les phénomènes du stress est un enjeu pour les managers. Explications.

Indispensable au fonctionnement de l'organisme, le stress permet de s'adapter à l'environnement, d'affronter les situations difficiles. Il représente pourtant 75 à 90 % des motifs de consultations en médecine et 60 à 80 % des accidents du travail. 28 % des travailleurs européens se disent touchés par le stress, soit 41 millions de personnes.

On observe ainsi un déséquilibre majeur de perception entre les contraintes imposées par l'environnement et les ressources disponibles pour y faire face.

Bien qu'étudié depuis de nombreuses années, le stress souffre pourtant d'un déficit de consensus , tant dans sa définition que dans ses tentatives de prises en charge.

Qu'en est-il spécifiquement des soignants ?

Ce public confronté chaque jour à la maladie et la souffrance présente un terreau propice au stress, majoré par des facteurs individuels : un besoin de reconnaissance, une conscience ou inconscience de ses propres limites, un altruisme caractéristique d'une identité professionnelle choisie par vocation mais qui présente des risques de collusion avec la sphère personnelle.

Comment gérer son stress ou celui de ses équipes ?

Il est important d'en comprendre le fonctionnement et l'intégralité des symptômes.

On distingue deux sortes de stress. Le stress aigu est un peu le « One shot » de notre organisme, qui réagit en immédiateté lorsqu'un événement survient. La perception du stress dépend des ressentis de chacun, de son expérience de vie, de sa personnalité et des facteurs protecteurs qu'il peut mobiliser. Le stress chronique, quant à lui, est plus modéré en terme d'intensité , mais plus durable dans le temps.

A ces fonctionnements de survie et d'adaptation, il faut ajouter la faculté de l'individu à imaginer des scenarii, bien souvent négatifs. C'est sa répétition qui déclenchera du stress aigu ou du stress chronique. Cette faculté de projection temporelle va créer des ruminations, des zones de stress sur des éléments irréels. En somme, l'intégralité des expériences demande une adaptation, génère des émotions susceptibles de stresser, parfois jusqu'à l'épuisement.

Le stress peut se manifester par des symptômes physiques (tensions musculaires, problèmes digestifs, troubles du sommeil ou de l'appétit, maux de tête, vertiges..), cognitifs (agitation, irritation, indécision, inquiétude, anxiété, tristesse..) et comportementaux (perception négative de la réalité, désorganisation, absentéisme, isolement, consommation excessive de médicaments, tabacs, écrans, drogues, évitement de situations...).

Comment gérer son stress au quotidien et au travail ?

Pour limiter le stress, il sera important de considérer l'intégralité des champs d'impact. Un être humain ne peut se limiter à ses comportements ou ses phénomènes physiologiques, il doit aussi tenir compte de son fonctionnement cognitif et de son environnement.

- le physique

Pour réduire les symptômes physiques (liés à une hyperexcitation du système sympathique), ce n'est pas, contrairement à ce qu'on pense, en restant calme qu'on s'apaisera. L'hyperexcitation est provoquée par une augmentation des hormones de stress, l'adrénaline et le cortisol. Pour se sentir mieux, il faut les évacuer et libérer une hormone de bien-être, l'endorphine, par la pratique de sports cardiaques comme la marche à pied, la course (bonne marche active), la natation, le vélo durant 40 minutes au minimum tous les deux à trois jours. L'endorphine peut également être secrétée par le chant, les activités manuelles. A cela s'ajoute une bonne hygiène de vie (boire un litre d'eau par jour, manger suffisamment à chaque repas , en évitant les produits transformés qui stressent l'organisme) et réaliser des exercices de respiration (inspirer 4 secondes par la bouche - marquer 1 seconde de pause - expirer 4 secondes par la bouche).

- Le cognitif

Les facteurs de stress cognitifs au travail sont aussi source de symptômes physiques. Ils sont divers : les tâches à accomplir ou leurs interruptions répétées, les interactions avec certaines personnalités, la gestion des conflits, l'intensité du travail, l'exigence émotionnelle, le manque d'autonomie, la souffrance éthique... Pour supporter ce stress, 3 grands axes sont à retenir : l'engagement, le sens que l'on donne aux événements et le contrôle posé sur les situations. Il faut pour cela développer ce que Albert Bandura nomme le "sentiment d'auto-efficacité personnelle ", grâce à une maîtrise personnelle des tâches à effectuer, la modélisation des comportements d'autrui et une lucidité face à ses états émotionnels et psychologiques. Il faut mettre des justes limites (vie pro/vie perso, demander de l'aide..) et s'atteler à résoudre les problèmes... Tout ceci devrait conduire à une diminution de la surcharge mentale. Et pour développer davantage son sentiment d'auto-efficacité , le partage d'expérience est fondamental par l'analyse de pratiques, les réunions à thème... et enfin se fixer des objectifs réalisables.

- le comportement

Le comportement est souvent impacté par des fortes zones de stress. Il se traduit par un désinvestissement, de l'absentéisme, un accident du travail, le turn-over des équipes, un écart de qualité de soins...

Il est difficile d'évoquer le stress sans aborder les risques psychosociaux de manière générale, comme le risque d'épuisement professionnel, car ils exposent l'individu à des situations environnementales de stress et nécessitent des prises en charges plus complètes. L'organisation doit elle-même s'interroger sur la place qu'elle occupe dans le stress des équipes. Les protocoles mis en place sont-ils cohérents ? Le travail prescrit (fiche de poste) est-il en adéquation avec le travail réel fourni par les équipes ? Le management exercé, libère-t-il la parole et se base-t-il sur l'empathie ? Y a-t-il équité de traitement ? soutien social ? Beaucoup de facteurs sont ainsi à interroger pour vérifier que l'espace de travail est suffisamment épanouissant.

Gwendoline Didier

Psychologue







10/04/2024  - Bass

Axess fait une proposition de 6 mois de primes pour les oubliés du Ségur

A marche forcée vers une convention collective unique, les partenaires sociaux du non lucratif ont jusqu'à fin juin pour conclure un accord intermédiaire sur les bas salaires. Ce n'est pas gagné !
09/04/2024  - Soins palliatifs

1,1 milliard d'euros supplémentaires pour développer les soins palliatifs en France

Présentée ce mercredi 10 avril en conseil des ministres, la stratégie décennale pour le renforcement des soins palliatifs, de la prise en charge de la douleur et de l'accompagnement de la fin de vie entend marquer une rupture.
08/04/2024  - Opération séduction

Le Loir & Cher sort le grand jeu pour lutter contre les déserts médicaux

Pour séduire et capter de nouveaux professionnels de santé, Be LC, l'agence d'attractivité du Loir & Cher a entrepris une stratégie offensive : leur offrir un accompagnement de A à Z pour leur installation dans le département, tant sur le plan professionnel que personnel.
02/04/2024  - RH

Réforme de la haute fonction publique: le décrochage des D3S se confirme

Reçus à leur demande par les deux ministères de tutelle, les syndicats Syncass-CFDT, CHFO et Ufmict-CGT sont ressortis avec la confirmation que seuls les directeurs d'hôpital seront concernés par la transposition des grilles d'administrateurs de l'Etat.
01/04/2024  - Recherche

«Les métiers du vieillissement, essentiels et pourtant insoutenables»

Dans le cadre du projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? », lancé en mai par le Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po[1], quatre chercheurs[2] se sont penchés sur les conditions de travail des métiers du vieillissement. Avec l'aimable autorisation des Presses de Science Po, Géroscopie en publie ici des extraits[3].
01/04/2024  - Management

Quel locus de contrôle pour les salariés du secteur du grand âge?

Le locus de contrôle est un concept proposé par un psychologue américain, Julian Rotter, dans les années 1960, qui décrit la manière dont un individu perçoit la cause des succès ou de ses échecs. Et si ce prisme aidait à mieux faire évoluer les salariés de son entreprise ?
01/04/2024  - Fiche Métier

Infirmière en Ehpad / infirmière coordinatrice

L'infirmière en Ehpad dispense les soins aux résidents et veille à leur bon état de santé. L'infirmière coordinatrice, élément-clé de l'équipe multidisciplinaire, occupe des fonctions d'encadrement.
01/04/2024  - Prévention

L'A-MCA lance son club SAR-CAN pour parler «prévention»

Ouvert depuis début janvier 2024, le club SAR-CAN, de l'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA)  entend rassembler les acteurs autour d'événements et favoriser les synergies entre les publics, dans le domaine de la prévention. Directeurs d'Ehpad et seniors bienvenus.
29/03/2024  - Assurance-maladie

Fraudes en audioprothèse : les Ehpad sont un terrain de chasse

L'assurance-maladie a exercé une surveillance particulière à l'égard des fraudes dans le secteur de l'audioprothèse, l'une des dérives étant « l'itinérance » dans les Ehpad à laquelle le conseil d'Etat vient de mettre un coup d'arrêt.