Dans le n° 113-janvier 2020  - QUESTIONS À L'ASSEMBLÉE NATIONALE  10856

Agnès Buzyn s'explique devant les Parlementaires

Le 8 janvier 2020, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a répondu à une séance de questions à l'Assemblée nationale sur la situation dans les EHPAD à la demande du groupe UDI-Agir. L'occasion d'évoquer le futur projet de loi, sans toutefois apporter de précisions sur le calendrier, et de répondre aux questions, nombreuses, sur le manque de professionnels et de moyens dans les établissements.

« Depuis mon arrivée au ministère en 2017, plus de 7 000 postes de soignants supplémentaires ont été financés dans les EHPAD. (...) Notre objectif est bien de nous rapprocher de la cible qui avait été préconisée par le rapport de Dominique Libault, c'est-à-dire une hausse de 25 % du taux d'encadrement à l'horizon 2024 par rapport à 2015, ciblée sur le personnel de proximité. C'est sur la base de cet objectif que le projet de loi sera élaboré puis soumis au Parlement ». Agnès Buzyn a également insisté devant les parlementaires sur la création de postes d'infirmière de nuit : « Une enveloppe de 36 millions d'euros, répartie en trois tranches en vue d'une montée en charge progressive, a déjà été allouée aux Agences régionales de santé (ARS), avec 10 millions d'euros en 2018 et 2019, puis 16 millions en 2020. Grâce à ces moyens, 20 % à 25 % des EHPAD sont aujourd'hui déjà couverts par une astreinte infirmière de nuit. Mon objectif est que la généralisation soit complète en 2020, car cette couverture accuse une très grande diversité territoriale. »

Dans le champ de la revalorisation salariale, Agnès Buzyn a signalé la mise en oeuvre de la prime d'assistant de soin en gérontologie de 100 euros net par mois. Toutes les aides-soignantes travaillant auprès des personnes âgées dans le secteur public peuvent bénéficier de cette prime dès lors qu'elles ont suivi une formation d'assistant de soin en gérontologie. « Mon ministère doit encore creuser le sujet des rémunérations s'agissant du secteur privé puisque, aujourd'hui, seules les aides-soignantes du secteur public ont accès à cette prime ».

La Ministre a également évoqué le sujet de l'attractivité - ou plutôt de la non attractivité - des métiers du grand âge mais sans y apporter de réponses nouvelles. Selon la DREES, des postes sont non pourvus depuis six mois, toutes professions confondues dans 63 % des établissements. Un EHPAD privé sur deux et 35 % des EHPAD publics hospitaliers sont aujourd'hui confrontés à des difficultés de recrutement.

« Les régions ont formé beaucoup d'aides-soignantes au cours des dernières années. Malheureusement, un décalage persiste souvent entre la théorie qui met en lumière l'empathie, les gestes attentifs, de la douceur, et le rythme de travail parfois effréné qui continue de leur être imposé, souligne Solange Ménival, Présidente du Think Tank Stratégie Innovations Santé et ancienne vice-présidente du conseil régional Aquitaine. Des conditions de travail difficiles, des salaires peu attractifs et des horaires incompatibles avec une vie de famille génèrent une pression telle, qu'elle mène à une perte de sens, souvent dénoncée, parce que la réalité du travail se trouve trop éloignée des valeurs fondatrices de l'engagement initial. Le constat doit toutefois être nuancé. Les EHPAD qui ont une vision qualitative, et non pas seulement quantitative du management, réussissent à maintenir un taux de professionnels suffisant ».

Convergence

Agnès Buzyn l'a plusieurs fois répété. Elle a accéléré l'instauration des mesures financières qui accompagnaient la convergence tarifaire, de façon à aider les établissements à recruter davantage de personnel. « J'ai d'abord souhaité neutraliser les effets néfastes de cette convergence tarifaire, avant d'accélérer le rythme de sa mise en oeuvre, la ramenant de sept à cinq ans. J'ai ainsi pu adjoindre des moyens supplémentaires ; un effort cumulé de 284 millions d'euros a permis de recruter environ 7 100 ETP supplémentaires dédiés aux soins ». La convergence tarifaire pourrait toutefois connaître de nouvelles évolutions, le rapport Libault préconisant en effet la fusion des sections « soins » et « dépendances » au sein d'une section « soins et entretien de l'autonomie ». Elle a enfin rappelé les principaux chiffres de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 - le budget des EHPAD a été abondé de 500 millions d'euros et l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) médicosocial a été réévalué « à hauteur de 53 millions d'euros, afin de permettre le financement de mesures catégorielles dès 2020. Les crédits parviendront aux établissements très rapidement, dans les mois à venir ».