Dans le n° 129-juin 2021  -  Handicap  11883

Accueillir des personnes handicapées vieillissantes (PHV) en Ehpad : une réponse aujourd'hui possible

Accueillir des personnes souffrant d'un handicap mental ou de troubles psychiques impose de mener un travail d'accompagnement multifacettes. Explications.

La mission d'un service médico-social vise à proposer à chacun, quels que soient son histoire, son âge ou son état de santé, un parcours de soins et des projets de vie cohérents, adaptés et fondés sur des valeurs éthiques fortes. Mais les situations sont de plus en plus complexes, et l'accueil doit évoluer pour s'adapter aux besoins de chaque individu.

Conserver la liberté de choix

Les progrès de la médecine, les thérapeutiques, l'amélioration des conditions de vie, le professionnalisme des accompagnements, etc. ont participé à un allongement notoire de la durée de vie des personnes en situation de handicap. Avec eux, les besoins aussi ont évolué, pour devenir multiformes : les parents des personnes accueillies vieillissent et doivent rejoindre des structures, parfois la même que leur enfant, les personnes peuvent être amenées à quitter leur foyer d'accueil médicalisé (FAM)... Pour répondre à la diversité des situations, les accompagnants doivent pouvoir proposer des solutions plurielles leur rendant ainsi possible l'entrée en Ehpad.

Un taux d'Occupation toujours optimal

Les besoins d'accueil sont importants mais les durées de séjour durent parfois de nombreuses années, limitant dès lors les possibilités d'intégration. Comme le précise Lynda Gaillard-Tersein, directrice de l'Ehpad Les Chantournes au Versoud (38)1, un établissement de 84 places dédié spécifiquement aux personnes handicapées vieillissantes, « il arrive que nous ne puissions accueillir aucun nouveau résident durant une année entière ». Même constat pour Pascal Le Flem, directeur du Foyer Notre-Dame2 à Porte-de-Savoie (73), qui compte un accueil spécifique de 16 places pour les PHV : « La liste d'attente est très longue. Il arrive qu'on ait des centaines de demandes. »

Double culture et double compétence pour accompagner et prévenir

La personne handicapée vieillissante subit comme tout le monde les effets du vieillissement. La structure doit le considérer car la prévention et les soins à délivrer sont plus nombreux que dans un Ehpad « classique ». Les résidents ont besoin d'un cadre structurant et de stimulation cognitive. Il est donc essentiel de lier approche éducative et approche soignante par un accompagnement pluridisciplinaire.

Des postes dédiés

Le Foyer Notre-Dame accueille des personnes handicapées vieillissantes parmi d'autres résidents. Pascal Le Flem a pour ce faire choisi de mobiliser une « référente éducative » en complément des professionnels soignants (AES), tandis que Lynda Gaillard-Tersain, dont la structure se consacre entièrement à ce public, a recruté une coordinatrice éducatrice, une monitrice éducatrice et une référente qualité de vie. Elle a aussi créé un nouveau poste « d'accompagnant santé » : chaque année, 500 rendez-vous médicaux spécialisés sont organisés, pour lesquels les résidents doivent être préparés et rassurés afin que les soins se déroulent paisiblement pour eux comme pour les professionnels libéraux.

Des outils similaires mais des réajustements à négocier

GMP et PMP sont bien sûr utilisés comme dans les EHPAD classiques, mais « pour nous, ces outils mériteraient d'être revus », précisent d'une seule voix les deux directeurs. « Les PHV ont des besoins spécifiques », ajoute Lynda Gaillard-Tersain. « Les grilles évaluent les pertes de capacité de la personne, mais qui sait si elle a déjà vraiment eu ces capacités. Or cela impacte directement notre accompagnement. Ces outils sont donc à utiliser avec méthode et discernement ».

Mais avec sa grande vitalité, ce public invite les autres résidents comme les professionnels à se surpasser. Ils multiplient et diversifient les activités pour ouvrir l'établissement sur l'extérieur.